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Pour cet article, nous avons relevé et étudié divers documents concernant les chemins ruraux, vicinaux et les routes. Ils émanent des deux dossiers Voirie des archives municipales (n° 1O1 de 1835 à 1889 & n° 1O2 de 1876 à 1959) et des délibérations du Conseil Municipal. Nous avons compté plus de 30 délibérations de 1839 à la fin du XIXème siècle et 26 du début du XXème siècle aux années 1950 au sujet des chemins vicinaux et de leur entretien. Ils révèlent l’intérêt porté, du milieu du XIXème siècle jusqu’aux années 1950, au réseau de communication local.

Cadastre Lescombes en 1840

Cadastre Lescombes en 1840

                        1/Le classement des chemins et ses nombreuses évolutions :

En 1840, un tableau répertorie 87 chemins ruraux et vicinaux, en précisant leur point de départ et leur aboutissement. Ils sont tous désignés par un numéro et un nom : chemin de l’hippodrome, chemin de St Pé, chemin du Morillon etc… Les chemins numérotés de 1 à 8 sont vicinaux, les autres ruraux.

C’est bien sûr à la suite de propositions du conseil municipal que la préfecture statue sur le classement. En mai 1852, un arrêté du préfet concerne le classement du chemin de Soulac.

En 1854, les chemins numérotés de 1 à 10 sont classés comme vicinaux, les autres ruraux. 

Puis en 1855, ce sont 2 nouvelles demandes pour classement en chemin vicinal : celui du Moulin à vent et celui de Sauprat.

En 1857 ou 1858, après la scission du Haillan : les chemins n° 26 à 30, 50, 51 et 59 à 73 passent en totalité à la commune du Haillan. Les n° 24, 25 et 49 passent pour une partie au Haillan.

En 1860, les chemins numérotés de 11 à 17 deviennent vicinaux. Ils sont désignés ainsi : chemin de St Pé, de Fabeyres et de la croix de Bourron, du Moulin à vent ou de Morillon, de Lescombes au Haillan, du nord de l’église dit chemin de St Laurent, du levant de l’église dit du Grand Louis, de l’ouest de l’église dit rue Barrière.

Fin 1875, le Préfet prévoit le déclassement des routes départementales de Bordeaux à Lacanau et de Bordeaux à Soulac. Le 15 septembre 1876, suite à l’arrêté préfectoral, la commune devra pourvoir à l’entretien de ces deux routes.

En 1886, l’ancienne route départementale n° 18 devient chemin de grande communication n° 118.

Quelques années passent sans changement puis en 1897, le préfet demande le déclassement de certains chemins vicinaux ordinaires…Mais le conseil regrette cette demande et réaffirme leur utilité, leur classement devrait être maintenu. Leur entretien se fera grâce à l’extraction des graviers de la gravière départementale située à Eysines au lieu-dit Pins près de Laforêt.

Le conseil demande le 31 octobre 1947, le classement du chemin vicinal n° 5 dans le réseau départemental. Le 17 décembre 1948, le conseil général de la Gironde informe le maire que le chemin vicinal n° 5 sera dans la voirie départementale.

2/Les redressements et élargissements de chemins :

De 1835 à la fin du XIXème siècle, de nombreux documents mentionnent les propriétaires concernés par les redressements ou les élargissements des chemins qui passent en chemins vicinaux. Les terrains utilisés pour remettre les chemins en conformité font l’objet d’achats ou d’échanges avec les propriétaires situés en bordure. Cela révèle la priorité accordée par les autorités à une bonne communication.

Pour la réalisation de ces travaux, chaque liasse comprend plusieurs documents : un projet d’autorisation de voirie, le rapport de l’agent voyer cantonal sur ce projet, un plan, un devis de l’entrepreneur, une délibération du Conseil Municipal (envoyée à la préfecture), un arrêté de la Préfecture (= la réponse de la préfecture).

D’autres documents concernent les ventes de chemins non classés et laissés en propriété privée. Les achats de la commune sont libellés sur papier officiel timbré.

Papier timbré de la commune d’Eysines

Papier timbré de la commune d’Eysines

C’est dans une délibération du conseil municipal que nous trouvons la plus ancienne trace d’un redressement de chemin : le 17 février 1839, suite à la proposition d’un riverain, le conseil accepte de faire le redressement du chemin reliant le Vigean à Bruges et Mérignac en ligne droite, bordé de 2 fossés (actuellement avenue de l’hippodrome).

En novembre 1868, le conseil municipal projette le redressement de la rue du Bourg en ligne droite sur la route du Médoc, suite à la démolition de l’église romane et à la translation de l’ancien cimetière. A ce sujet, nous trouvons un cas difficile jugé au tribunal du greffe de la Préfecture. En 1870, M Anizan, entrepreneur doit exécuter les travaux en vue du redressement du chemin vicinal n° 1. Le redressement de ce chemin nécessite de faire démolir un ancien mur sur 10 m, faire des terrassements, construire 20 m de chaussée et un caniveau de 434 m. Comme à l’accoutumée, le dossier est rempli et un devis est établi entre la commune et M Anizan. Cependant, des travaux imprévus viennent grossir la facture et la commune ne veut pas rembourser ce dépassement. M Anizan sollicite donc le greffe du Conseil de Préfecture qui prend fait et cause pour lui.

Nous retrouvons aussi dans ce dossier une lettre du 1er juillet 1869, signées de M Guiraud, adjoint et de M Anizan qui nous apporte des précisions : « …Pendant tout le temps qu’il se trouvera des ossements sous le chantier de déblaiement des terrains du cimetière pour le percement de ladite rue, le sieur s’engage à faire ramasser et mettre de côté tous lesdits ossements pour qu’on puisse ensemble les faire transporter dans le cimetière communal. De son côté le sieur Guiraud au nom de la commune, promet de payer à l’entrepreneur des travaux la somme de 3 francs par jour pendant tout le temps que les ouvriers rencontreront des ossements dans leur chantier en assez grande quantité pour leur occasionner une perte de temps équivalente à la somme qui doit leur être payée… »

Puis en 1870, les deux chemins ruraux conduisant à Lescombes, sont élargis. En 1879, ce sera le tour de celui du Morillon et en 1883 le chemin de Lescombes.

En 1888, pour la construction du chemin vicinal ordinaire n° 10 de Pichey à Lescombes, l’expropriation de 3 propriétaires a lieu pour respectivement : 4,70 ares de vignes, 3,04 ares de terre et vigne et 2,78 ares de terre et vignes.

La même année, le commissaire des courses demande l’aménagement du chemin de l’hippodrome pour faciliter la circulation lors des courses.

En 1893, le conseil demande l’autorisation au préfet pour un plan d’alignement d’un chemin rural et d’une place au Vigean.

Cadastre le Vigean en 1840

Cadastre le Vigean en 1840

A partir de 1901, on constate que des « excédents » de terrains sont cédés aux propriétaires le long de chemins qui avaient des largeurs trop importantes ; c’est le cas pour 10 propriétaires le long du chemin ordinaire n° 11 dit chemin de St Pé et 1 pour le chemin rural de Bos.

A l’inverse des imprimés intitulés « Souscription volontaire » nous apprennent qu’entre 1936 et 1948 des terrains sont cédés gratuitement par des propriétaires pour l’élargissement ou le redressement des chemins. Ainsi en 1936, pour le chemin vicinal ordinaire n° 13 ; en 1937, pour le chemin rural reconnu n° 36 de Chapin ; en 1938, pour le chemin vicinal ordinaire n° 5 ; en 1940, pour le chemin départemental n° 109 de Castelnau à Bordeaux et pour le chemin rural reconnu n° 36 de Chapin ; en 1942, 6 propriétaires pour le chemin vicinal ordinaire n° 7 du Bois de Picot.

En 1957, le chemin du Moulin à Vent est élargi à 8 m. Les riverains du chemin de la Pompe au Bréteil cèdent gratuitement le terrain à la commune pour élargissement et abattage des acacias.

3/Les largeurs des chemins :

D’après tous les relevés, nous pouvons conclure que les chemins ont des largeurs variables suivant les endroits, ce qui est d’ailleurs toujours mentionné ainsi « le chemin à cet endroit a une largeur de…m ».

1/Les routes départementales, à la fin du XIXème siècle, ont une largeur de 15 m pour la route n° 14 et de 13 m pour la route n° 7.

2/Les chemins de grande communication (appelés ainsi entre 1895 et 1903) varient de :

De 13,30 m à 15 m pour le n° 107 de Bordeaux à Lacanau

De 15,95 à 17,65 pour le n° 118 de Bordeaux à Lesparre

De 13 m à 16,70 m pour le n° 114 de Bordeaux au Verdon

3/Les chemins vicinaux ont une largeur différente suivant les endroits :

Le n° 1, dit du Bourg à la Forêt : de 6,30 m à 7,90 m

Le n° 2, dit du Bourg au Haillan : de 6 m à 8 m

Le n° 4, dit du Bretey : de 5 m à 8,70 m

Le n° 5, dit de l’Hippodrome : de 6 m à 11 m

Le n° 6, dit du Pontet : de 6,40 m à 8,60 m

Le n° 7, dit du Bois de Picot : de 5 m à 8 m

Le n° 11, dit de St Pé : de 6 m à 9,20 m

Le n° 13, dit du Morillon : de 6 m à 8 m

Le n° 14, dit de Lescombes au Haillan : de 6,50 m à 8 m

Et d’autres sont de largeur constante ou presque : le n° 9, dit de la Pompe : de 9 m à 9,30 m et le n° 17, dit de l’église reste à 8 m.

Cadastre 1840 « vers Cantinolle »

Cadastre 1840 « vers Cantinolle »

4/L’entretien des chemins :

  • Au XIXème siècle :

Sous le premier Empire, la loi de 1802 autorise les municipalités à réquisitionner leurs administrés pour les travaux urgents à effectuer sur les chemins vicinaux. Cela ressemble étrangement à l’ancienne corvée royale sous un nouveau nom : prestations en nature !

Tableau des chemins du service vicinal
Tableau des chemins du service vicinal

Tableau des chemins du service vicinal

En 1841, pour l’entretien des chemins vicinaux à Eysines, il est demandé : 2 journées pour chaque chef de famille rémunéré à 1,50 francs et pour un cheval avec conducteur à 4,50 francs. Le cantonnier dirige les travaux. En 1849, le transport de la grave est à la tâche.

En février 1870, une commission est nommée pour examiner l’état des chemins vicinaux.

En 1876, l’entretien des chemins d’intérêt communal est réalisé grâce à des prestations en argent et celui des chemins vicinaux par des prestations en nature. Par exemple, pour la remise en état du chemin du Bleu : le 10 novembre 1876, M. Tabuteau écrit au Maire : « J’ai l’honneur de vous adresser l’état des souscriptions recueillies pour la mise en état du chemin rural du Bleu. Vous y verrez que nous disposons de 51 journées de 9 hommes, 19 journées de voitures et 50 m3 de graviers en carrière. C’est déjà un bon commencement… » (Nous n’avons pas la liste correspondante).

En 1877 et 1881, l’entretien des chemins vicinaux est réalisé grâce à une imposition de 5 centimes additionnels et 3 journées de prestations.

La mise en état des chemins est faite par les propriétaires limitrophes de ce chemin. Chacun s’engage et signe pour : 1/ la fourniture des graviers : quantité mesurée en m3 (M Legris semble fournir la plupart des graviers, à part quelques fois M Fabre de Rieunègre) ; 2/ le transport des graviers : mesuré en journées de cheval et voiture ; 3/ prestations de travail : mesurées en journées.

Les tableaux du Service vicinal émanant du ministère de l’Intérieur, département de la Gironde, arrondissement de Bordeaux, sont remplis et signés par l’agent voyer cantonal : « Tableau des chemins et parties de chemins vicinaux de cette commune entretenus à l’état de viabilité servant ou pouvant servir aux exploitations industrielles sujettes à subventions conformément à l’article 14 de la loi du 31 mai 1836. »

Sur ces tableaux, sont relevées les longueurs des chemins vicinaux à entretenir.  Ils représentent 17 731 m en 1876, 14 338 m en 1887 (et 7 365m de chemins de grande communication), 20 198 m en 1890, (toujours la même longueur de chemin de grande communication). En 1891, les chemins de grande communication sont barrés, sans doute ne sont-ils plus entretenus par la commune et il ne reste que 16 230 m de chemins vicinaux.

 cadastre  en 1840 le Bourg

cadastre en 1840 le Bourg

  • Au XXème siècle :

                Dès le début du XXème siècle, nous trouvons dans les délibérations du conseil municipal, des budgets additionnels votés pour l’entretien des chemins. En 1916 est mentionnée une imposition extraordinaire pour travaux sur les chemins vicinaux de 12 centimes, ajoutés au principal des 4 contributions directes.

Des décisions concernent aussi des réparations et réfections, ainsi le 8 juin 1901 : réparation du chemin de la Carreyre au Vigean ; le 21 février 1909, réfection des caniveaux du Bourg. En 1920, M le maire expose au conseil municipal que la rue principale, au moment des fortes pluies, se transforme en véritable torrent rendant la circulation à peu près impossible dans une grande partie du Bourg et de Lescombes. Le conseil demande à l’administration de faire le nécessaire.

Puis, dès 1936, de gros travaux sont entrepris. Le 19 octobre 1936, un contrat de location est établi par la mairie avec le département pour le « rouleau compresseur départemental à l’huile lourde et sa piocheuse d’une tonne. ».  En 1939, un devis de l’entreprise Fourton Fortuné du Taillan s’élève à 6 000 francs pour poser des bordures sur 3 côtés de chaussées respectivement sur 50 m, 63 m et 46 m ainsi que la construction d’un caniveau de 14 m, au Vigean.

Le 23 septembre 1940, un courrier du service vicinal informe la mairie d’une fourniture de 30m3 de gravillons pour les travaux près de l’hippodrome du Bouscat, à 85 francs le m3, ainsi que 160 tonnes de macadam de 0,04 – 0,06. Ceux-ci seront livrés pour les travaux à Eysines et au Haillan à raison de 20 tonnes par jour pour chaque commune.

En octobre 1940, un échange de courriers entre le service vicinal et la mairie indique les conditions d’utilisation du rouleau départemental : la mairie doit approvisionner en gas-oil le rouleau départemental pour le « cylindrage » des chemins vicinaux 1 et 2 d’Eysines au Haillan.

            Entre 1945 et 1951, sont signalés des travaux de rechargement ou remise en état des chemins, des aménagements pour les caniveaux et canalisations, par exemple : en 1949, réparation de la piste cimentée au Vigean et réfection des routes ; en 1950, goudronnage des cours d’école, de la place du général de Gaulle, et celui des chemins vicinaux pour un budget de 167 500 francs.

En 1955, les trottoirs sont aménagés dans le quartier de Lescombes et on embellit la place de l’église.

En 1956, on envisage la canalisation du ruisseau du Bourg de « la partie située au point de découverte actuelle et d’autre part au niveau de la propriété de M Hosteins ». Le goudronnage des chaussées de divers chemins ruraux se poursuit.

En 1957, l’entretien des chemins ruraux est réalisé par la Sté des travaux routiers de Créon avec le procédé de « remise en état par méthode béton de sol ».

                Conclusion :

Pendant un siècle, du milieu du XIXème jusqu’aux années 1950, nous assistons à de grands changements concernant surtout le tracé et la largeur des chemins devenus des rues au fur et à mesure des plans d’urbanisme et des décisions du conseil municipal. De plus, les chemins de terre ou de grave sont goudronnés, bordés de trottoirs et améliorés grâce au creusement de canalisations et à l’aménagement de caniveaux.

Nous constatons aussi que le classement des routes en routes communales, départementales et nationales, ne date pas d’aujourd’hui et que l’Etat n’aura de cesse de se décharger sur les communes et les départements de leur entretien en les nommant différemment.

Marie Hélène Guillement, Michel Legros, Elisabeth Roux.

Tag(s) : #Histoire
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