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Nos sources :

Archives municipales : les matrices cadastrales, les états nominatifs, les délibérations du Conseil municipal, les listes électorales, etc.

Archives de notre association Connaissance d’Eysines : les bulletins municipaux et Mag’Eysines.

Toutes les illustrations sont de Connaissance d’Eysines ainsi que les cadastres sauf ceux de 1844 venant des archives départementales et les images de Géoportail.

Repérage d’après Géoportail

Repérage d’après Géoportail

Dans le cadre de la préparation du 40ème anniversaire du Pinsan organisé par la Ville, nous avons reconstitué l’historique de ce domaine. Pour cela nous avons établi la liste des propriétaires des terrains concernés à partir du cadastre de 1844. Une douzaine d’après-midi aux archives municipales ont été nécessaires à trois bénévoles. Pour rechercher dans les registres les nombreuses parcelles de ce qui est aujourd’hui le domaine du Pinsan et qui correspond à cinq anciens lieux-dits. Tous ces relevés concernant la période 1844 - 1970 nous ont permis de découvrir non seulement l’identité des propriétaires mais aussi le mode de mise en valeur de ces terrains (bois, landes, prés, vignes…).

Enfin autour des années 1970 ce secteur de la commune et plus particulièrement les lieux-dits de La Lande et de La Lesque a été profondément impacté par la création de la déviation et des divers aménagements liés à la rocade.

Présentation du domaine du Pinsan

L’actuel domaine du Pinsan est donc situé sur l’emplacement de cinq lieux-dits : La Lande, La Lesque, Le Pinsan, Recouchet, et Sandounat.

Aujourd’hui, les Eysinais n’ont gardé en mémoire que deux noms : le Pinsan et la Lesque.

Le premier terrain acquis par la commune est situé au lieu-dit du Pinsan. Suite à d’autres achats sur les quatre autres lieux-dits, la commune nomme alors cet emplacement : le domaine du Pinsan. N’oublions pas cependant que le lieu-dit le Pinsan ne représentait qu’un quart de la surface actuelle du domaine ! Quant au nom du bois de La Lesque, c’est un grand mystère : le lieu-dit La Lesque est situé beaucoup plus au sud et de chaque côté de la déviation actuelle alors que le bois de La Lesque est actuellement au nord-ouest…

Cadastres de 1844 : à droite superposition en bleu de la voirie 2023
Cadastres de 1844 : à droite superposition en bleu de la voirie 2023

Cadastres de 1844 : à droite superposition en bleu de la voirie 2023

I- Les parcelles et leurs propriétaires de 1844 à 1936 *D’une façon arbitraire nous traitons les cinq lieuxdits par ordre alphabétique.

Lieu-dit La Lande : il est situé actuellement à l’est de l’avenue Jean Mermoz et en 1844 ce sont vingt-quatre parcelles d’une moyenne de 30 ares environ. Six parcelles seulement comptent moins de 10 ares, la plus petite étant un taillis de 0,5 are, la plus grande une pinède de 156,75 ares. L’ensemble représente une surface de plus de sept hectares.

En 1844, les parcelles sont en majorité plantées de pins, treize d’entre elles parmi les plus grandes, les autres sont des taillis et des terres. Au début du XXe siècle les pins cèdent la place aux vignes pour onze parcelles.

Treize propriétaires se partagent le lieu-dit La Lande en 1844. Les héritages provoquent le morcellement. Par exemple la parcelle C 1412 de 146,75 ares, plantée en pins est divisée dès 1852 entre les quatre enfants qui reçoivent chacun 36 ares en moyenne et en 1930 les parcelles mesurent de 18 à 12 ares ! Cette parcelle morcelée reste toujours plantée de pins. De même pour une autre plantation de pins C 1410 de 70,75 ares qui se retrouve avec des parcelles de moins de 9 ares et là juste une vigne, tout le reste toujours en pins.

Lieu-dit La Lande aujourd’hui

Lieu-dit La Lande aujourd’hui

Lieu-dit La Lesque : il est réparti actuellement de chaque côté de la déviation ; en 1844, il regroupe trente-six parcelles d’une moyenne de 15 ares, la plus grande un taillis de 80 ares et la plus petite des acacias de 1,40 are. La moitié est en-dessous de 10 ares, seules cinq ont plus de 20 ares. Ici à La Lesque, c’est le royaume de la vigne et les souvenirs des vendanges restent encore présents dans la mémoire eysinaise ! Les autres parcelles se répartissent en taillis, bois, pins et acacias pour un total de douze. Cette répartition perdure à part pour le terrain de 80 ares de taillis qui aux alentours de 1910 est morcelé en vigne, terre et pré.

Onze propriétaires sont recensés en 1844. Au fur et à mesure des années les propriétés sont transmises par héritage ou vendues en entier, sauf celle de 80 ares comme nous venons de le mentionner. Deux autres parcelles limitrophes sont morcelées, celle de 52,80 ares et une de 19,60 ares. Elles appartiennent en 1844 à M. Legris qui les vend en 1855 à trois propriétaires auxquels succèdent leurs héritiers !

 

Lieu-dit Le Pinsan :  actuellement il est situé tout au sud, coincé entre la rocade et la déviation, en 1844 huit parcelles de dimensions très variables de 14,25 à 715,30 ares le constituent.

 

Lieu-dit Le Pinsan aujourd’hui

Lieu-dit Le Pinsan aujourd’hui

Tous ces terrains (plus de 14 hectares) appartiennent en totalité à M. Legris. Outre Le Pinsan qui lui appartient donc entièrement il a aussi neuf parcelles à La Lesque (voir paragraphe précédent). Ces parcelles du Pinsan sont réparties en une pelouse de 47 ares, deux bois de 185 ares, deux prés de 730 ares, deux terres de 110 ares et une grande vigne de 290 ares. De plus, M. Legris exploite des carrières de graviers et il en fournit à la commune pour des travaux de voirie en 1876 et peut-être avant ?

 

M. Legris Pierre François Clément Alphonse est né vers 1790 à Brûlon dans la Sarthe, il demeure à La Forêt vers 1838 où il est propriétaire de 58 hectares. Nous n’avons pas trouvé sa profession mais il figure sur les listes censitaires dès 1838. Pendant les dix années durant lesquelles les listes censitaires sont dressées, il est le cinquième ou sixième parmi les vingt plus riches habitants de la commune. Sur les états nominatifs nous le trouvons à La Forêt en 1841, 1846 et 1851. Il vit avec son épouse née vers 1798, son fils Eugène né vers 1821 et suivant les années avec deux ou trois domestiques. Il décède à Eysines dans son domaine de La Forêt le 28 mars 1853. Son épouse reste sur le domaine. Au tournant du siècle, la famille quitte Eysines pour Rennes puis les descendants, reviennent dans la Sarthe, au Mans.

En 1914, la pelouse de 47 ares devient une carrière. Vers 1922, toutes les anciennes propriétés de M. Legris sont achetées par M. François Bacquey gendre Labouheume au Haillan. A ce moment-là, à part la carrière, la nature des terrains change et ils deviennent des pacages, à part un bois de 15 ares… Est-ce que M. Bacquey est éleveur de vaches ou loue-t-il ses terres pour y faire paître des animaux ? Les parcelles du Pinsan évoluent encore beaucoup ensuite (voir le paragraphe II).

Lieu-dit Recouchet : il s’étend en 1844 jusqu’à ce qui est aujourd’hui l’avenue Jean Mermoz et occupe toute la partie le long de la rue de la Lande Blanche. Il est composé de vingt-quatre parcelles formant une surface de presque 20 ares.

Les beaux cèdres du Lieu-dit de Recouchet aujourd’hui

Les beaux cèdres du Lieu-dit de Recouchet aujourd’hui

Huit de ces parcelles font partie du domaine de la maison noble de Laplane (Voir notre brochure « Le domaine de Château Lescombes, ancienne maison noble de Laplane du XVe siècle à nos jours »). Trois (C 1400 à 1403) y restent rattachées jusqu’à ce que Mme Faure les vende en 1919. Les cinq autres (C 1385 à 1389) sont vendues dès 1871 à M. Pélisson qui fait édifier la première maison de Clos Lescombes.

Les autres parcelles sont deux landes de 25 ares, cinq terres de 1,74 hectare et quatre bois de plus de 31 hectares. Presque tout est planté en vignes vers 1910 à part les bois. Ces parcelles appartiennent à quatre propriétaires qui les vendent progressivement et M. Aumailley Pierre Désir achète ces cinq parcelles en deux fois.

Lieu-dit Sandounat : il constitue un petit triangle dont la pointe est dirigée au nord, actuellement au croisement de l’avenue René Antoune et de la rue de la Lande Blanche, délimité à l’est par l’avenue Antoune, à l’ouest par le chemin qui rejoint la piscine et au sud par le lieu-dit Le Pinsan. Cinq parcelles forment une surface de 9 hectares plantée en pins à part un bois de presque 68 ares au sud et limitrophe du Pinsan. Mais tout va devenir des landes à part 28 ares de pins.

Chaque parcelle appartient à un propriétaire différent. La parcelle C 1381 de 123,75 ares est partagée entre deux héritiers en 1883 et continue à rester dans la même famille, ainsi que la C 1383 de 88,35 ares. Deux parcelles C 1382 de 31 ares et C 1384 de 28 ares changent de famille en 1872 puis se transmettent par héritage. La parcelle C 1380 de 678, 30 ares est depuis 1839 la propriété de M. Lassègue*, puis elle est vendue en 1854, séparée en trois en 1877 et enfin en 1912 M. Carraire industriel achète les trois parties.

*M. Lassègue est courtier maritime à Bordeaux. Il est propriétaire de plus de 30 hectares à Eysines, demeure à Bordeaux et séjourne de temps à autre à Lescombes dans sa jolie propriété rue Raoul Déjean, une des anciennes maisons du verrier M. Mitchel.

II- Les parcelles et leurs propriétaires de 1936 aux années 1970

Dans les années 1970 la déviation créée avec la sortie 8 de la rocade en direction de Lacanau modifie les lieux-dits La Lande et La Lesque. Dans ce paragraphe, où notre étude ne porte que jusqu’en 1970, nous n’étudions que les parcelles restantes et intégrant ensuite le domaine du Pinsan. Nous précisons donc pour le lieu-dit Lalande et La lesque le nombre des parcelles avant et après la création de la nouvelle voirie.

A gauche cadastre 1937, à droite cadastre 1967A gauche cadastre 1937, à droite cadastre 1967

A gauche cadastre 1937, à droite cadastre 1967

Lieu-dit La Lande : en 1937 La Lande englobe toute la partie ouest de Recouchet et sa surface est à ce moment-là de presque 15 hectares. Après la création de la voirie et celle du domaine du Pinsan, le lieu-dit Lalande a une surface d’un peu plus de 11 hectares répartis en trente-neuf parcelles.

Les surfaces de ces parcelles sont très inégales : la plus grande de 327,25 ares et deux petites de 5,80 ares, une autre parcelle de 88 ares, sinon douze de 20 à 50 ares, seize de 10 à 20 ares et huit de moins de 10 ares.

A la diversité des surfaces s’ajoute celle des mises en valeur : huit sont en pré, six en terre et six en vigne, les bois sont répartis entre quatre taillis, cinq acacias et huit futaies résineuses. Quatre parcelles seulement changent de nature : une terre (C 1355) est plantée en acacias en 1940, une autre terre (C 1304) est plantée en pins en 1966, une vigne (C 1341) se transforme en 1969 en taillis et un pré (C 1354) est aussi en taillis en 1973.

Trente propriétaires se partagent ces parcelles, huit d’entre eux en possèdent deux ou trois. La grande parcelle de 88 ares située à l’angle de l’avenue Jean Mermoz et de la rue de la Lande Blanche appartient comme toutes les terres de Recouchet à Clos Lescombes.

Précisons qu’environ trente parcelles, plutôt petites ont disparu pour la voirie…

Lieu-dit La Lesque : il comprend plus de 8 hectares répartis sur quarante-deux parcelles (surtout de petites surfaces) avant la nouvelle voirie. Six parcelles disparaissent, neuf sont intégrées au domaine du Pinsan et vingt-six se retrouvent à l’ouest de la déviation, la plus grande partie formant une partie de la zone industrielle.

-Les vingt-six parcelles de La Lesque à l’ouest de la déviation ont une surface de plus de 4 hectares répartie en neuf vignes, six taillis, quatre terres, trois prés et trois acacias.

-Les neuf parcelles du lieu-dit La Lesque intégrées au domaine du Pinsan ont une surface de presque 3 hectares avec 65 ares pour quatre vignes, une grande terre de 185 ares et quatre parcelles de taillis sur 40 ares environ. Une vigne de 6,50 ares devient un taillis en 1967, les autres parcelles ne changent pas de nature.

Lieu-dit La Lande et Lieu-dit Le Pinsan aujourd’hui
Lieu-dit La Lande et Lieu-dit Le Pinsan aujourd’hui

Lieu-dit La Lande et Lieu-dit Le Pinsan aujourd’hui

Lieu-dit Le Pinsan :  en 1937, le nouveau cadastre intègre dans le lieu-dit Le Pinsan la parcelle la plus au sud de Recouchet, ainsi la surface de ce lieudit est de plus de vingt hectares répartie en seulement six grandes parcelles :  deux landes de 943,30 ares et de 468,40 ares, une futaie résineuse de 315 ares, un pré de 220,60 ares et deux carrières de 64,40 et de 27,80 ares. En 1936 ces parcelles appartiennent à M. Bacquey du Haillan, puis en 1945 à ses deux héritières. En 1969, la mairie acquiert une ancienne carrière du Pinsan, puis un bois limitrophe.

Clos Lescombes, au Lieu-dit Recouchet, aujourd’hui
Clos Lescombes, au Lieu-dit Recouchet, aujourd’hui

Clos Lescombes, au Lieu-dit Recouchet, aujourd’hui

Lieu-dit Recouchet : en 1937, comme expliqué plus haut dans le paragraphe consacré à La Lande, Recouchet a perdu toutes ses parcelles à l’ouest, il a donc une surface de 7 hectares 50 ares divisée en dix parcelles.

Trois propriétaires se partagent un peu moins de 50 ares, tout le reste constitue le domaine de Clos Lescombes. Après le décès en 1943 de M. Cuzacq, son épouse et son fils vendent la propriété à la société de Pessac « Biscuits Curat Dop ». Après la guerre, la propriété de Clos Lescombes est transformée en un gigantesque couvoir et les terrains sont aménagés en petits poulaillers, vers 1965 un nouveau propriétaire acquiert la propriété.

Images de Géoportail : à gauche vue générale du Pinsan, à droite détail des poulaillers de Clos Lescombes
Images de Géoportail : à gauche vue générale du Pinsan, à droite détail des poulaillers de Clos Lescombes

Images de Géoportail : à gauche vue générale du Pinsan, à droite détail des poulaillers de Clos Lescombes

Lieu-dit Sandounat : en 1937, Sandounat a cédé une grande parcelle au Pinsan (comme nous venons de l’expliquer plus haut). Sur 2 hectares 34 ares, six parcelles dont quatre de futaie résineuse d’un total de 163 ares environ et deux taillis d’un peu plus de 71 ares occupent ce lieudit. La nature de l’occupation du sol ne change pas jusqu’en 1970 et il semble toujours aussi boisé aujourd’hui.

Deux parcelles appartiennent au même propriétaire, les quatre autres à quatre propriétaires.

Lieu-dit Le Sandounat aujourd’hui
Lieu-dit Le Sandounat aujourd’hui

Lieu-dit Le Sandounat aujourd’hui

III- La création du domaine du Pinsan, espace de sports et de loisirs

En 1969, la mairie a acquis l’ancienne carrière du lieudit Le Pinsan, puis un bois limitrophe. Sur ces vingt hectares, le tracé d’une future déviation est déjà prévu. Cependant, des équipements sportifs sont créés. De plus, les sols de cette carrière exploitée, jusqu’en 1968 puis comblée par des dépôts d’ordures ménagères de la Communauté Urbaine de Bordeaux en 1970 et 1971, sont instables et marécageux lors des pluies et donc guère propices pour des terrains de football . A la fin des années 70, l’incertitude demeure encore quant à la sauvegarde de l’intégrité du domaine menacé par le projet de déviation et la commune multiplie les démarches pour préserver les parcelles acquises. Le tracé de la déviation est enfin arrêté, l’intégrité du domaine communal sauvegardée.

A partir de 1979, après de multiples analyses, forages, etc., de gros travaux sont entrepris pour niveler et drainer. Les terrains de football deviennent jouables par tous les temps. D’autres équipements sont construits : les bâtiments socio-éducatifs, le théâtre de verdure qui est inauguré en 1982. Cette même année, un projet de réaménagement global est adopté et plusieurs phases de travaux prévues. Les terrains sont nettoyés, engazonnés, reboisés, etc.  Les aménagements se poursuivent.

Le théâtre de verdure

Le théâtre de verdure

En 1984, le domaine du Pinsan est inauguré : un espace à vocation sportive, un lieu de promenade et de détente sont ainsi mis à la disposition des Eysinais.

En 2002, les Bois de La Lesque et de Campuch, composés d’un grand nombre de parcelles dont quelques-unes encore détenues par des propriétaires privés, sont à leur tour aménagés en un espace naturel ouvert au public, en liaison avec le domaine du Pinsan.

Des jolies statues de bois sculptées dans les arbres morts
Des jolies statues de bois sculptées dans les arbres morts
Des jolies statues de bois sculptées dans les arbres morts

Des jolies statues de bois sculptées dans les arbres morts

Des jolies statues de bois sculptées dans les arbres morts

Conclusion

Descendants d’Eysinais d’autrefois, Eysinais de cœur et d’adoption, le domaine du Pinsan vous accueille aujourd’hui pour de simples promenades, des activités sportives ou des spectacles estivaux. Ainsi, suivant les saisons et les heures, il offre à chacun ce dont il a envie : un terrain de jeux et de sports partagés, une prairie pour s’ébattre ou se reposer, des équipements pour enfants, sportifs en herbe ou aguerris, etc. La nature y est encore préservée et la flore et la petite faune sauvage (écureuils, oiseaux, etc.) apportent joie de la beauté et de la découverte. Chacun a le loisir de vivre ce domaine du Pinsan suivant son humeur du moment.

Le Pinsan et Clos Lescombes
Le Pinsan et Clos Lescombes

Le Pinsan et Clos Lescombes

Richard Cabrafiga, Marie-Hélène Guillemet, Elisabeth Roux, Florence Viaud

Tag(s) : #patrimoine d'Eysines
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