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Connaissance d’Eysines remercie Bernard Larrieu, l’association « les Amis de Léo Drouyn » et les « Editions de l’Entre-deux-Mers », pour leur proposition de participation à la « Fête à Léo et au Patrimoine Girondin » édition 2018.  Cette journée du 10 juin a permis de faire découvrir Eysines et en particulier les quartiers du Vigean, de Lescombes et du Bourg. Notre ville a ainsi pu apparaitre sous ses multiples facettes à bien des Girondins.

Les deux pages consacrées à Eysines dans la brochure « Fête à Léo et au Patrimoine Girondin 2018 » Les deux pages consacrées à Eysines dans la brochure « Fête à Léo et au Patrimoine Girondin 2018 »

Les deux pages consacrées à Eysines dans la brochure « Fête à Léo et au Patrimoine Girondin 2018 »

Nous étions environ 80 personnes rassemblées au départ de la visite du Vigean

Bernard Larrieu a présenté la Fête à Léo qui existe depuis 2000, ainsi que Léo Drouyn : Léo Drouyn est un artiste et savant aquitain (Izon 1816 - Bordeaux 1896) qui, au milieu du XIXe siècle, élabore une œuvre unique en France par son ampleur et sa diversité. On lui doit un fonds iconographique riche de plusieurs milliers de dessins et gravures sur le patrimoine aquitain, autour de 1850. Il est l'un de ceux qui ont contribué à la réhabilitation du patrimoine médiéval. Dessinateur attitré, entre 1842 et 1849, de la Commission des Monuments historiques de la Gironde, ses missions lui permirent de mettre en exergue la richesse et la variété du patrimoine girondin dont il deviendra l’un des plus éminents spécialistes. Il est considéré comme l’inventeur de l’archéologie médiévale régionale, religieuse et militaire. Il a laissé des albums de dessins, des notes et des croquis qui sont aujourd'hui une source d’informations inestimable pour la connaissance du patrimoine monumental.

Joëlle Dusseau, première adjointe, accueille les visiteurs au nom de la municipalité.

Marie-Hélène Guillemet leur souhaite la bienvenue à Eysines, et Michel Baron présente notre ville : « La paroisse d’Eysines se présente comme un Médoc en réduction ; on y trouve à l’est la fin du plateau landais, puis une bande de terrain propice à la culture de la vigne et enfin, en bordure de la Jalle, une zone marécageuse difficile à franchir. Eysines est la dernière paroisse de la banlieue bordelaise limitée par la Jalle. Jusqu’à la construction par Tourny au milieu du XVIIIème siècle des routes modernes vers Pauillac et Lesparre, elle était traversée par l’antique « Lebade », par le chemin de Blanquefort qui se perdait dans les marais au moulin de Plassan (moulin noir) et par l’ancien chemin de Saint Médard (rue Jude). D’autres chemins permettaient l’accès aux marais et aux moulins de la Jalle. L’ancienne église était située près du bourg, le village le plus important était Lescombes (sur la Lébade) puis le Haillan (le plus éloigné), le Vigean (à cheval sur Bruges) el la Forêt (à cheval sur Mérignac). Le Haillan se sépare d’Eysines en 1867. Cette implantation a conservé le même aspect jusqu’à l’urbanisation (au milieu du XXème siècle) et à la construction de la rocade qui sépare une nouvelle fois Eysines ! Le Vigean, où nous nous trouvons, domine les marais et a toujours subi l’attraction de Bordeaux. Sous l’Ancien Régime, le Vigean est sous la tutelle du chapitre Saint Seurin, de l’Ordre des chevaliers de Saint Jean, qui ont succédé aux Templiers et pour une faible partie de la maison Ségur. »

Au  Vigean :  la place Charleroi et la Grand-Rue ( actuellement rue R Lavergne) Au  Vigean :  la place Charleroi et la Grand-Rue ( actuellement rue R Lavergne)

Au Vigean : la place Charleroi et la Grand-Rue ( actuellement rue R Lavergne)

Elisabeth Roux annonce le parcours de la visite jusqu’au Couvent : « La maison que l’on aperçoit, était la demeure de M. Saint Jean maire nommé en 1874 par le Préfet ; on passe devant Chantilly l’hôtel-restaurant incontournable du Vigean au XXème siècle. Court arrêt face à la place de la Croix du Vigean et vue sur la rue nommée aujourd’hui rue du Champ de Course qui autrefois emmenait directement à l’hippodrome du Bouscat et la rue des Treytins ancien chemin pour la villa Saint Jean. La vie sociale et festive était importante au Vigean : les Fêtes de Pâques se déroulaient de la Croix au Couvent. Tout le long de la rue du Médoc que nous venons d’emprunter, il y avait autrefois les commerces (boucherie, boulangerie, mercerie, épicerie, marchand de fourrage et de grains, marchand de meubles) les cafés et restaurants, les ateliers des artisans (cordier, charron, forgeron, maréchal ferrant etc). Les maisons sont celles des agriculteurs, des commerçants et artisans, mais aussi des maisons bourgeoises et châteaux : villas d’agrément de riches bordelais (comme dans tous les quartiers d’Eysines) et propriétés viticoles. Jusqu’au milieu des années 1970, l’hippodrome du Bouscat est très actif et de nombreuses courses sont organisées. Il y a au Vigean cinq écuries de chevaux de course: Destandeau, Soubagnié, Lafabrie, Gabrielli  et Bourgeois. Des entraîneurs, propriétaires d’écuries et des jockeys viennent aussi pour les courses et logent à Chantilly. Le matin, les jockeys partent à cheval du Vigean pour rejoindre le champ de courses.

Chantilly : ses charmilles et ses box pour les chevauxChantilly : ses charmilles et ses box pour les chevaux

Chantilly : ses charmilles et ses box pour les chevaux

Histoire de Chantilly (son nom fait référence aux courses à Chantilly) : le premier propriétaire est Gaston Saux ; il achète vers 1897 un terrain planté de vignes sur lequel est bâti un chai. Il transforme et agrandit cette petite construction et à l’arrière il crée le jardin, les charmilles, la piste de danse et construit les box pour les chevaux. Gaston Saux est conseiller municipal et c’est grâce à sa ténacité que le tram arrive à Eysines en 1894. C’est aussi un personnage qui participe très activement aux Fêtes de Pâques, au carnaval… Gaston Saux meurt en 1916, sa veuve continue puis, n’ayant pas d’enfant, transmet l’établissement à son neveu. Ses descendants animent Chantilly jusqu’au dernier propriétaire, M Lacave, en 1991. A Chantilly sont reçus à la fois les clients vigeanais, eysinais, bordelais, habitués et amis, inconnus ou célèbres   tels que le préfet dans les années 1920, Georges Mandel vers 1930, plus tard Viviane Romance et son compagnon Clément Duhourt et dans les années 1960 le général De Gaulle, Jacques Chaban-Delmas, Aymar Achille-Fould etc.  De plus le Comité des fêtes, l’Amicale Vigeanaise, les Anciens Combattants, les sociétés de secours mutuel organisent leurs réunions, vins d’honneur et manifestations à Chantilly. L’amicale Vigeanaise donne des spectacles et des concerts, le radio-crochet des fêtes de Pâques s’y tient. Chantilly sert aussi de salle de vote, de cinéma. Tous les dimanches après-midi d’hiver, il y a le bal et Chantilly est aussi le lieu de rendez-vous des Vigeanais qui jouent à la manille. »

Arrivés devant le couvent, Marie-Hélène Guillemet montre le monument aux Epoux Baudon : « Résistants, ils sont arrêtés sur dénonciation le 27 juillet 1944, André est fusillé à Souge le 29 juillet et Yvonne meurt à Ravensbruck le 25 septembre. »

Photos actuelles du Couvent : la cour intérieure et le puits, la façade de la chapelle sur la ruePhotos actuelles du Couvent : la cour intérieure et le puits, la façade de la chapelle sur la rue

Photos actuelles du Couvent : la cour intérieure et le puits, la façade de la chapelle sur la rue

Puis elle présente le couvent. Vers la fin du XVIIIème siècle-début XIXème siècle, c’est un vaste domaine occupé par les propriétaires et leurs employés. (Ils pratiquent la polyculture et l’élevage). Parmi les propriétaires, la famille Jeantet dont Pierre Jeantet, maire d’Eysines de 1798 à 1815. (Son fils, maire lui aussi de 1828 à 1850, habite château Primerose un peu plus loin au Vigean). En 1868, une déclaration d’ouverture d’école est faite par les Bach, alors propriétaires, pour leur fille Maria, institutrice. Des religieuses lui succédent et, dès 1874, sont mentionnées les Sœurs du Bon Pasteur qui vont laisser leur nom au couvent. Le couvent abrite également un hospice, plus tard désigné comme maison de retraite.Dans la 2ème moitié du XXème siècle, d’après les souvenirs des Vigeanais, une garderie a fonctionné. Enfin, le couvent a été un élément important pour la vie religieuse du quartier autour de sa chapelle : messe dominicale, fêtes religieuses …Dans sa physionomie actuelle, nous retrouvons quelques traces de ce passé : le puits (domaine agricole), les bâtiments anciens (résidence, école …), la chapelle. »

 

 Au Vigean : la route du Médoc  & la boulangerie Dubourdieu Au Vigean : la route du Médoc  & la boulangerie Dubourdieu

Au Vigean : la route du Médoc & la boulangerie Dubourdieu

Nous reprenons notre promenade du Couvent à la Place Charleroi : « ce nom a été donné suite à la séance du conseil municipal du 15 novembre 1914, en hommage à cette ville, où s’est déroulée une bataille qui retarde l’avancée allemande. Des réfugiés venus de Belgique et du Nord de la France arrivent au Vigean, comme à Lescombes, au Bourg et à Cantinolle ; certains restent jusqu’en 1919. »

Nous admirons les très belles maisons de maraîchers et découvrons 3 « châteaux » !

Nos visiteurs devant le Couvent & Bernard Larrieu devant château Amigues.Nos visiteurs devant le Couvent & Bernard Larrieu devant château Amigues.

Nos visiteurs devant le Couvent & Bernard Larrieu devant château Amigues.

« Château Amigues, reconstruit au XIXème siècle, présente sur sa façade une croix de Malte qui rappelle la présence des Templiers au Vigean au Moyen-Age. En 1875, M Godbarge François, entrepreneur, l’acquiert puis en 1899 il appartient à son gendre Léon Lesca (Léon Lesca est le constructeur du port d’Alger récompensé par Napoléon III qui lui « donne » le Cap Ferret où Léon Lesca fait construire la villa algérienne et sa chapelle). Le château est ensuite la propriété de M Amigues. »

« Château Bel Air, construction du XIXème elle aussi fut la propriété des Wettervald, imprimeurs à Bordeaux. Pendant la deuxième guerre mondiale, elle sert de camp de repos pour les équipages de la 12ème flottille de sous-marins allemands de Bacalan. Le parc était immense et a été morcelé : une partie est devenue le parc du Vigean, le lycée technique d’Eysines est construit sur une autre partie. »

Château Amigues et château Bel AirChâteau Amigues et château Bel Air

Château Amigues et château Bel Air

« Maison Vigean-Ségur : Des Ségur se disent « seigneurs du Vigean » depuis le XVIème siècle. Il s’agit d’une branche mineure de la puissante famille fortement implantée dans le Médoc. En 1650, après le passage des troupes venues mater le soulèvement de l’Ormée, la maison est complètement ruinée. En 1758, les Ségur vendent la maison à Jean Tourat, négociant à Bordeaux, elle est une fois de plus en ruines. En 1866, Guillon décrit ainsi la maison de Ségur : « un petit castel situé près du village du Vigean ; il paraît être du XVII° siècle et fut un fief appartenant à la famille de Ségur dont plusieurs membres se qualifièrent « seigneur du Vigean ». Cet édifice que surmonte un pavillon central à dôme brisé style Louis XIII est dans un état d’abandon qui en fera bientôt une ruine ». Au milieu du XIXème siècle, M Vergnes est propriétaire puis maître Jules Victor Cathala, notaire en 1875 puis ses descendants (pendant la première guerre elle est toujours dans la famille Cathala.) »

Après avoir admiré ces propriétés et les autres demeures, nous revenons au parking et partons pour le château de Lescombes. Mme le Maire nous accueille, et « se dit satisfaite de voir autant de monde venu découvrir Eysines. Elle nous rappelle l’achat du château par la ville en 1989. Il était en mauvais état et des réfections importantes commencent en 1994. Deux grandes salles : l’une pour les mariages et réceptions, l’autre pour le Centre d’Art Contemporain ont remplacé un couloir étroit qui permettait d’accéder à des pièces vétustes et exiguës. Le hall d’entrée de 25 m2 a été conservé. Il avait été marqué par une restauration néo-gothique au XIX ème siècle. Le 5 février 1995, le château est inauguré ainsi que le Centre d’Art Contemporain »

Château  de Lescombes avant et après restaurationChâteau  de Lescombes avant et après restauration

Château de Lescombes avant et après restauration

Petit historique du château de Lescombes : il s’appelle sous l’Ancien Régime, le château de la Plane, nom de la seigneurie rurale. Jusqu’au milieu du XVIème siècle, La Plane appartient aux seigneurs de la Taule du Luc puis à Jean Dubernet, secrétaire du Roi. Le 4 juin 1598, Gratian de Mulet écuyer est sieur de la Plane. Le bâtiment dans sa forme actuelle date de cette époque. Il a succédé à une construction médiévale peut-être détruite par un incendie (Lors des travaux de restauration en 1995, on a retrouvé dans le sol des carrelages calcinés). En 1631, la seigneurie de la Plane est achetée par le prieur du monastère des Feuillants. Le 18 août 1720, les Feuillants vendent La Plane à Benjamin Duret. Son petit-fils, Pierre Duret hérite d’un domaine qui comprend en plus du château, 8 hectares de vigne, un jardin, un verger, des pinèdes et des bois, des prairies et les métairies de Langlet et du Sesca dans le marais, aux environs de 80 hectares en tout. Le 10 septembre 1789, Pierre Duret est élu président du premier Conseil Municipal. Les réunions se seraient tenues à La Plane jusqu’à l’élection du premier maire Etienne Ponson le 14 février 1790. En 1812, le domaine est vendu par le fils de Pierre Duret au vicomte de Verthamon puis d’autres propriétaires se succèdent dont M Hyvert, maire d’Eysines de 1878 à 1881 et en 1908, des négociants en vin, les Berjal.

Le château de Lescombes :celui de Pierre Duret  sur le cadastre de 1808 & celui des Berjal en 1908Le château de Lescombes :celui de Pierre Duret  sur le cadastre de 1808 & celui des Berjal en 1908

Le château de Lescombes :celui de Pierre Duret sur le cadastre de 1808 & celui des Berjal en 1908

Marie-Hélène Guillemet présente la deuxième étape de notre balade à travers deux autres quartiers d’Eysines « bien différenciés autrefois, le sentiment d’appartenance à chacun de ces quartiers étant longtemps resté présent dans les esprits de leurs habitants … : Lescombes développé à proximité de l’axe antique de la Lebade et autour du domaine de La Plane, a longtemps été le quartier le plus peuplé : en 1820, il compte 451 habitants sur une populationtotale de 1830 (Le Bourg 428) .  C’était un quartier animé avec de nombreuses activités artisanales et commerciales. Il avait sa société des fêtes, sa société de secours mutuel ...Le Bourg constituait une autre entité avec des caractéristiques à peu près semblables. Les deux quartiers ont été progressivement reliés à partir de la deuxième moitié du XIXème siècle par des constructions nouvelles de bâtiments publics et privés, en particulier le long de ce que l’on appelait alors la Grand-Rue (aujourd’hui avenue de la Libération) que nous allons parcourir au cours de notre visite. »

La Grand-RueLa Grand-Rue

La Grand-Rue

Sur la place Charles De Gaulle, Denise Ladevèze nous raconte la « Grand-Rue » : « Jusque dans les années 50, la production des biens et leur consommation se situant au même endroit, l’autarcie a caractérisé l’économie de la commune d’Eysines. Imaginez que de Lescombes à la Place du 4 septembre, de nombreux rez-de-chaussée des maisons étaient transformés en magasins, avec par-ci par-là des ateliers d’artisans. Rien que dans la Grand-Rue, il y a eu : 2 boulangers, 6 épiciers, 2 bouchers, 1 laitier, 2 coiffeurs pour hommes et 2 coiffeuses pour dames, 1 mercière, 1 sabotier et 1 cordonnier, 2 médecins, 1 sage-femme, 1 pharmacien, 1 quincailler ... Tout ce qui était nécessaire à la vie courante de la population pouvait y être trouvé même les robes de mariées qui étaient confectionnées sur mesure par Suzon, la couturière installée chez elle à deux pas de la Grand-Rue. Les métiers d’artisanat étaient plutôt voués au service de l’activité maraîchère. En plus d’un vitrier, 1 peintre, 1 zingueur, 1 serrurier, nous avions à Lescombes le bourrelier-sellier Laborde parce qu’il y avait à Eysines quelques 300 chevaux qu’il fallait équiper ou dont il fallait réparer le harnachement. Dans la Grand-Rue on avait Patou, le maréchal-ferrant, forgeron, qui fabriquait les outils particuliers au travail de la terre ou de la vigne et qui ferrait les chevaux. Il faut aussi l’imaginer ce bruit des coups de marteau sur l’enclume et l’odeur de la corne brûlée ! C’est fini à jamais ! Comme l’appel du rémouleur, du raccommodeur de faïence ou du Père Decons, le gueillaïre « gueilles, ferraille, peaux de lapin !» qui arpentaient les rues de ce bourg qui débordait de vie. Et on ne peut pas finir sans parler de ce qu’il y avait de plus important : les bars-restaurants. C’était l’endroit essentiel de la culture populaire, là où circulait l’information, où les réjouissances collectives étaient organisées, où se tenaient les banquets qui suivaient les cérémonies patriotiques qui se déroulaient Place du 4 septembre. On avait :

  • Le bar-tabac de Mme Sarrazin, dite Simone. On allait y boire un verre de vin, acheter du tabac gris pour se rouler une cigarette ou, enfant, pour y acheter des bonbons,
  • Le bar-tabac Deluga qui avait une grande salle pour les bals et le cinéma,
  • Le Palais des Fêtes autrefois « Chez Rivière ».
    L’évolution des modes de vie influe de manière déterminante sur les activités commerciales et artisanales en générant et en supprimant des besoins. Notre grand-rue est l’exemple typique d’un changement de société où la mécanisation des outils de travail, la démocratisation de l’automobile, le délitement de l’activité maraîchère ont entraîné la disparition à jamais d’un grand nombre de métiers et de tous les petits commerces qui la jalonnaient. »

Marie Hélène Guillemet évoque ensuite les bâtiments publics et privés. La mairie-école : « Ce bâtiment a été construit en 1842, le long de la rue principale, à mi-chemin entre Lescombes et le Bourg. Le bâtiment abrite l’école des garçons (une salle de classe et le logement de l’instituteur) et le bureau du maire. La salle de classe est aussi utilisée pour les réunions, les mariages … Les écoles publiques : Vers 1870, une école publique de filles fonctionne aussi dans des locaux loués par la commune. En 1875, le conseil municipal adopte le projet de construction d’une école de filles et d’une maternelle. Le bâtiment doit être constitué de deux classes et de deux logements pour les directrices. Le 13 mars 1882, les nouveaux locaux sont inaugurés par le maire Léon Raffi . En 1885, un nouveau projet, cette fois-ci pour une école de garçons, est présenté. En 1889, l’école des garçons est transférée dans ses nouveaux locaux. Trois salles de classe sont réparties dans le bâtiment qui longe l’actuelle rue de Picot, au fond se trouve le logement des maîtres sur deux niveaux, devant une cour fermée par une grille, enfin, à droite les toilettes et, derrière, le préau faisant face aux classes.

La mairie et l’école de garçonsLa mairie et l’école de garçons

La mairie et l’école de garçons

Les maisons de maraîchers : Leur construction date de la fin du XIXème siècle (2ème moitié) au moment où l’activité maraîchère connait un grand essor. Elles occupent les espaces vides de la Grand Rue (avenue de la Libération) et des alentours. Elles présentent beaucoup de points communs : leur plan et leur orientation, les matériaux de construction utilisés (la pierre pour la maison d’habitation, la brique de Brach et le bois pour les dépendances), leur décor de style néo-classique (encadrement des portes et des fenêtres, corniche bordée d’une frise denticulée) et une fenêtre d’assez grandes dimensions pour accéder au grenier, sur le mur-pignon. »

Nous poursuivons notre promenade, nous quittons alors Lescombes et arrivons au Bourg.

Bois Salut sur le cadastre de 1808, la porte gothique et l'escalierBois Salut sur le cadastre de 1808, la porte gothique et l'escalierBois Salut sur le cadastre de 1808, la porte gothique et l'escalier

Bois Salut sur le cadastre de 1808, la porte gothique et l'escalier

Michel Baron évoque la maison noble de Bois Salut : « Selon Guillon, la maison de Bois-Salut « a été remaniée plusieurs fois, mais il en reste encore un pavillon assez curieux qui peut bien remonter au XVI° siècle ». Une belle porte gothique témoigne encore de son passé. Elle était la propriété au XVIème siècle des Dusault, une famille d’avocats au parlement de Bordeaux, elle échoit à Marguerite qui épouse, en 1676, Thibaud Baudin de Saint Laurent. En 1793, Antoine Bodin de Saint Laurent est arrêté, ses trois fils étant émigrés. Il perd la tête sur l’échafaud en 1794. Mais l’un de ses fils est, en 1821, maire d’Eysines. C’est sur les terres de cette maison qu’ont été construits la nouvelle église, la mairie, les écoles la médiathèque et la salle de spectacle.

La municipalité, à qui appartient cette maison, nous a remis la clef et nous pouvons admirer sa porte gothique au bas de la tour. Bernard Larrieu explique : « La porte est dans le style gothique flamboyant, fin XVème siècle tout début XVIème siècle.

La partie haute est à courbe et contre courbe, le pignon central surmonté d'une sculpture est malheureusement abimé. A l'intérieur de la courbe et contre courbe, on trouve des choux frisés et autres motifs végétaux et sur l'extérieur des "rampants", deux motifs sculptés dans des sortes de cartouches rectangulaires. Ce type de porte se trouve comme portes de tours-escaliers qui desservent le rez-de-chaussée et l'étage des maisons nobles construites fin XVème siècle- première moitié du XVIème siècle par les nouvelles élites issues de la bourgeoisie. Elles construisent ces demeures de plan rectangulaire où la lumière entre largement par des fenêtres à meneaux. Ce sont souvent des maisons à haut-comble (comme la Taule du Luc place du 4 septembre). Le blason qui est dans le tympan de la porte d'entrée de cette maison noble est sans doute celui de la famille qui l'a construite. »

La vielle église : son emplacement sur la place du 4 septembre, son croquis et son plan La vielle église : son emplacement sur la place du 4 septembre, son croquis et son plan La vielle église : son emplacement sur la place du 4 septembre, son croquis et son plan

La vielle église : son emplacement sur la place du 4 septembre, son croquis et son plan

 

Nous continuons jusqu’à l’extrémité de l’avenue de la Libération et nous arrêtons place du 4 septembre, nous sommes sur l’emplacement de l’ancienne église et de son cimetière. Michel Baron explique avec le croquis superposant ancien et nouveau tracé : « la paroisse d’Eysines possédait ici une église entourée d’un cimetière, elle datait du XIIIème siècle ou XIVème siècle. Elle était en dehors du bourg, lui-même étant séparé de l’important village de Lescombes. En 1847, elle est partiellement détruite par la foudre et interdite au culte. Après de longues hésitations, la municipalité choisit de ne pas la réparer et de la remplacer par l’église actuelle. À la suite du redressement de la rue principale (avenue de la libération), la moitié du terrain sur lequel elle s’élevait a été cédé au propriétaire du château Lescalle voisin. Des fouilles archéologiques permettront peut-être un jour d’y découvrir les origines d’Eysines ; ce territoire mériterait une protection archéologique. »

Bernard Larrieu donnant les explications & le  dessin de Léo Drouyn Bernard Larrieu donnant les explications & le  dessin de Léo Drouyn

Bernard Larrieu donnant les explications & le dessin de Léo Drouyn

Bernard Larrieu nous montre le plan de l’église vers 1840 puis le croquis de Léo Drouyn, daté du 9 novembre 1856 et nous lit le commentaire écrit le 4 novembre 1858, sur l’église d’Eysines : « Cette église est dans un état déplorable et offre peu d’intérêt. Son plan est formé d’une nef romane précédée d’un clocher carré et suivie d’une abside semi circulaire. La nef a un bas-côté moderne. Le clocher actuellement maintenu par des étais a été au XVe siècle renforcé par des contreforts angulaires. La partie supérieure n’existe plus. Les ouvertures dont il est percé sont de petites fenêtres à sections droites et très évasées en dehors et en dedans. A l’ouest s’ouvrait une porte en plein cintre recouverte par un arc ogival du XIVe siècle. La porte actuelle qui est du XVe s’ouvre au sud dans un avant corps roman en partie ruiné. A l’abside on voit des contreforts plats. J’ai fait un croquis de cette église dans un de mes albums ».

Nous revenons sur nos pas, puis nous nous dirigeons vers l’église actuelle. Elle nous est décrite par Joëlle Dusseau et Bernard Larrieu, qui racontent les polémiques entourant la construction de toutes ces églises girondines ! « Le cardinal Donnet, archevêque de Bordeaux, approuve la construction d’une nouvelle église ; il veut alors rechristianiser la Gironde en faisant élever plus de 100 clochers pointus pour que les églises se voient de loin mais aussi stigmatiser la population et la faire revenir à la vie chrétienne et dévote. Gustave Alaux (1816-1882) est l’architecte retenu pour notre église. Il est le fils de Jean-Paul Alaux professeur de Léo Drouyn, mais aussi élève de Poitevin. L’église est de style néo-gothique ; elle est construite en deux tranches une première en 1857, la seconde (le porche et le clocher) en 1870. Fin octobre 1857, elle est bénie par le Cardinal Donnet. Au niveau du transept, sur sa clé de voute on remarque le blason du cardinal Donnet et sa   croisée est soutenue par quatre piliers dans un bel élan architectural. »

Fête à Léo, Eysines, dimanche 10 juin 2018Fête à Léo, Eysines, dimanche 10 juin 2018

Nous allons rejoindre le château Lescombes et Marie Hélène Guillemet nous explique : « cette partie du quartier de Lescombes a connu une occupation inégale, assez lâche et probablement plus tardive, comparée à celle du « Vieux Lescombes », situé plus près du château. Plusieurs grandes propriétés s’y étaient développées. Nous allons en voir trois sur notre parcours : les Tilleuls, Rosario et le Bercaut . Ces demeures ont été soit construites soit remaniées à la fin du XIXème siècle. Ces propriétés ont été des propriétés de rapport grâce à la culture de la vigne mais aussi (et peut-être surtout) des propriétés d’agrément où l’on venait profiter des charmes de la campagne à la belle saison. Elles comprenaient : jardins d’agrément, potager, dépendances (chai, écurie…). Aujourd’hui, si les demeures ont été préservées, les terres ont été morcelées et des constructions nouvelles s’y sont multipliées. Le domaine des Tilleuls a successivement appartenu, à M. Freyche, négociant bordelais pour lequel il a été transformé par l’architecte C. Durand à partir de 1863, puis à M. Alauze, avoué à Bordeaux et enfin à M. Perrin, médecin et à son épouse, institutrice, tous deux ayant marqué la vie quotidienne des Eysinais. Rosario est construite en 1859, Le Bercaut est une maison bourgeoise (avec ses dépendances) qui a appartenu à M Raoul Déjean, maire de 1945 à 1964.

Château Les Tilleuls

Château Les Tilleuls

Nous nous arrêtons devant une des maisons du verrier Mitchell. Nous choisissons Bessanes pour son beau portail et ses colonnades que nous ne pouvons malheureusement pas voir de la rue. Michel Baron nous raconte : « L’écossais Pierre Mitchell est l’un des nombreux Jacobites réfugiés en France. En 1720, il achète divers biens à Eysines dont le « Bourdieu de Bessanes » et le « Petit Bourdieu ». Ayant obtenu du roi des lettres patentes pour fabriquer des bouteilles, il s’installe dans les palus des Chartrons. Cette zone étant difficilement praticable, il transfère ses installations à Eysines où son activité est attestée de 1733 à 1738. Ayant obtenu en 1738 le privilège de verrerie royale, il s’installe à Bordeaux mais continue longtemps de tirer d’Eysines le sable nécessaire à son industrie. Il n’en reste aucune trace si ce n’est le nom de « chemin Michel » prolongement de l’actuelle rue Raoul Déjean. Le bourdieu de Bessanes a été rasé. »

Apéritif et pique-nique dans le parc de Lescombes, où chacun se restaure et se repose…

Pique-nique dans le parc de LescombesPique-nique dans le parc de LescombesPique-nique dans le parc de Lescombes

Pique-nique dans le parc de Lescombes

Bernard Larrieu nous commente la fue, que nous appelons à Eysines le pigeonnier et qui fut longtemps désigné « la tour » par les Eysinais ! « Il est élevé au-dessus d’un puits ce qui le rend totalement unique ! Edifié au dernier quart du XVIème siècle, comme beaucoup d’autres, il est de forme cylindrique, avec une hauteur égale au diamètre de sa base : 7 m.  La petite porte est située au nord-nord-est, la porte gothique au sud (sans doute installée pour le moulin à bêtes de Pierre Duret en 1794), les deux fenêtres d’envol à l’abri des vents dominants, la grande à l’est et la petite au sud-est. Deux corniches saillantes (larmiers) avec le dessous creusé, servaient de plages de repos pour les pigeons tout en empêchant l’intrusion et l’attaque des rongeurs. Les pigeons pouvaient également nicher dans des corbeilles en osier ou en châtaignier. Ces paniers étaient accrochés aux parois par des crochets de fer que soutenaient des chevilles en bois. L’accès aux boulins s’effectuait par une échelle appuyée contre les parois, pour atteindre chaque nichoir et surveiller ainsi les couvées. L’élevage des pigeons est fait pour se nourrir mais aussi pour récolter la colombine qui est un engrais puissant. Cette fue, comme le sont les autres, est surtout un signe monumental pour affirmer son privilège accordé par le roi. »

Le château du TaillanLe château du Taillan

Le château du Taillan

La visite se poursuit au château du Taillan : Elisabeth Roux rappelle l’histoire de la propriété : « au XIIème siècle cette propriété appartient à l’abbaye de Ste Croix qui y produit le vin ; l’architecture des chais actuels date du XVIIème siècle ; ils ont certainement été établis sur les constructions de l’ancien prieuré car on y décèle un oratoire, une cellule moniale et aussi un autel. En 1601, Ste Croix vend la propriété et différentes familles s’y succèdent : Aste, Poitevin et Lavie. M Lavie est le premier président du Parlement de Bordeaux. Il fait réaliser entre 1770 et 1780 cette construction en L. Le château est rénové par Jean Baptiste Dufart au début du XIXème siècle ; la maison devient alors un lieu de vie. Le château accueille des intellectuels qui ont accès à une grande bibliothèque et à une collection d’estampes. La forme du château est traditionnelle : le bâtiment central pour les maîtres, l’aile pour le personnel et dans le parc les chais et le cuvier. La façade principale est sobre : un corps de bâtiment rectangulaire sur deux étages, avec fronton au centre. La façade jardin avec l’ovale du salon est très XVIIIème siècle dans le style rocaille avec tous ses attributs (pots à feu, agrafes, ferronnerie) donne sur une terrasse ovale délimitée par des balustres, le tout surplombant le domaine. Le marquis de Bryas épouse une fille du président Lavie, il se passionne pour l’agronomie, pour l’assèchement des marais et écrit plusieurs ouvrages à ce sujet. Henri Cruse , propriétaire au début du XX° , fait installer dans le parc le retable de la chapelle de l’Hôpital de la Manufacture de Bordeaux . »

Les caves et la salle de dégustationLes caves et la salle de dégustation

Les caves et la salle de dégustation

Johanna, guide d’œnotourisme, nous fait visiter le chai et le cuvier tout en nous expliquant que les caves souterraines uniques sont inscrites à la liste des Monuments Historiques. Le château du Taillan est une propriété familiale gérée aujourd’hui par des femmes. Acquis en 1896 par Henri Cruse, quatre générations s’y sont succédé jusqu’aux cinq sœurs qui en sont actuellement propriétaires. Le vignoble de 30 hectares produit un Cru Bourgeois, des vins blanc et rosé. De la cueillette à la vinification, tout est expliqué avec précisons par Johanna et la visite se termine avec une dégustation du blanc sec de 2017 et du cru bourgeois de 2014.

Nous nous dirigeons, enfin vers la cabane maraîchère que M Durousseau, Denise Ladevèze, Marie-Hélène Guillemet et Elisabeth Roux présentent à nos visiteurs. Ceux-ci écoutent avec attention les renseignements donnés, demandent des explications et découvrent un environnement totalement nouveau pour eux. Une promenade jusqu’à la Jalle, par le « chemin de M. Renouil », termine cette journée.

Intérieur de la cabane : le crambot et la grueIntérieur de la cabane : le crambot et la grue

Intérieur de la cabane : le crambot et la grue

Nos visiteurs sont ravis et nous aussi ! Quel beau dimanche sous un soleil presque omni présent.

 

Michel B., Michel C., Marie-Hélène G., Dany L., Denise L., Elisabeth R., Monique S., Marie-Christine V., Elvira W.

 

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