Les mégalithes sont nombreux de la pointe du Médoc jusqu’aux Landes sur une large bande côtière.
Comme le niveau des eaux était de 4 à 5 m plus bas , certains sont actuellement en mer plus ou moins découverts lors de certaines grandes marées. On les repère par photos aériennes, et très bien, depuis 7 à 8 ans, grâce aux données Lidar qui permettent de faire abstraction de la végétation.
Les mégalithes datent du néolithique( c’est la protohistoire qui débute 6 000 ans avant JC et finit en 52 avant JC) . Cette période est très différente de la préhistoire , elle apporte un changement culturel important . C’est l’époque de l’apparition de l’écriture, les populations se sédentarisent et l’agriculture et l’élevage se développent alors que se constituent les premiers villages . Cependant, la cueillette, la chasse et la pêche sont toujours là car l’agriculture restera longtemps encore aléatoire ( les terres s’épuisent , les parasites et maladies apparaissent, etc…).
L’homme devient un producteur. L’élevage produit du lait qui permet de nourrir les bébés(le 1er biberon néolithique date de 6 000 ans avant JC), les femmes peuvent travailler plus et faire plus d’enfants, la population augmente. En Gironde, le modèle agricole est plus long à arriver que dans l’Est. On exploite le sel, on crée la céramique et les vêtements (la laine est tissée) ; c’est aussi l’apparition de la hache, qui permet le défrichage, l’abattage du bois, la construction de l’habitat ; la hache sera importante jusqu’à l’Age du Fer.
A cette époque, aussi , on appréhende la mort différemment , on construit des monuments pour honorer les corps : dolmens, allées couvertes et cromlech. Dans ces , on retrouve des offrandes, des céramiques, des armes qui sont volontairement abîmées pour éviter un réemploi . Ce sont des sépultures collectives, réalimentées à plusieurs reprises, agrandies, etc… ; il reste de ces sépultures le « squelette » de pierres du monument : les pierres de côté, et celles de la couverture , mais aussi les pierres du tour et le tertre de terre qui recouvre l’ensemble . Ce tertre a été érodé par les hommes mais aussi par l’érosion naturelle . Les tertres existent jusqu’à l’âge du fer, ensuite, il y aura des incinérations et les cendres seront mises dans des urnes, elles-mêmes placées dans des tumulus.
Dans la vallée de l’Engranne, il y a de nombreux mégalithes ; ce fut aussi au néolithique, la frontière entre 2 peuples , les sépultures ont donc été mises en protection des lieux d’habitation.
Au cours du XIXème siècle, tous les mégalithes sont la proie de désirs de destructions ; les religieux trouvent ces symboles de paganisme trop ostentatoires et les agriculteurs veulent toujours cultiver plus de terre . On pense qu’il n’en reste, en Gironde, qu’un tiers .
Menhir de Pierrefitte
Au XIXème siècle, le menhir de Pierrefitte est appelé « main du diable » . Il aurait été élevé vers 3 500ans avant JC mais il faudrait refaire une datation plus précise car il ne pourrait dater que de 2600 à 2300 ans avant JC . Il pèse 50 tonnes, mesure 5,20m en élévation et il est sans doute enfoncé d’1,50 m en terre( simple hypothèse car aucun sondage n’a été fait). Sa pierre vient du plateau de St Emilion ; elle a été transportée sur environ 3,5 km , sur des chemins en pente douce mais avec beaucoup d’hommes cependant !! Il semble représenter une main. Il se situe très près de l’emplacement d’un gué sur la Dordogne ; voulait-il indiquer ce passage, ou marquait-il un sanctuaire ? Sur le côté, un trou pour recevoir des offrandes ?
Au moyen-âge, ce menhir sert de repère pour le passage du gué . Au XIXème, de nombreuses hypothèses farfelues veulent trouver une explication à ce menhir.
Extrait de « FICHE TYPE D'INVENTAIRE DU PATRIMOINE CULTUREL IMMATERIEL DE LA France »
Le mégalithe de Pierrefitte (Petra fixa dans les textes anciens), le plus grand du Sud-Ouest, se dresse dans le champ du même nom, au bord de la route menant de Libourne à Saint-Sulpice de Faleyrens. Vraisemblablement contemporain du néolithique récent (2600-2300 av. J,-C.), il est constitué d'un bloc monolithe de section quadrangulaire et légèrement incliné évoquant une gigantesque spatule qui ressemble à une main.
Sur l'une des faces, à 0,70 m au dessus du sol actuel, on remarque un « trou à offrandes » de forme circulaire creusé au Moyen Age. Au-delà, le mégalithe montre de multiples traces de dévotion, Pierrefitte ayant localement, dans le passé, la réputation de donner prospérité et bonheur à quiconque l’honorait et amour aux jeunes fiancés.
Allées couvertes de Roquefort
Les fouilles ont été faites en 1970 puis à nouveau en 1976 . Cet ensemble est situé sur un plateau de roches calcaires avec seulement 20 à 25 cm de terre sur le rocher.
La première occupation du site pourrait dater de 4700 ans avant JC , une 2ème entre 3650 et 3300 ans avant JC , où de la poterie dite de « Roquefort » a été trouvée ; puis ensuite une troisième occupation entre 3000 et 2800 avant JC et enfin la dernière entre 2400 et 2200 avant JC . C’est le matériel trouvé lors des fouilles qui a permis ces datations.
Il s’agit d’une allée de rites funéraires avec deux allées couvertes, implantées dans l’oppidum néolithique ; une allée mesure 14 m de long et l’autre 11 m ; elles sont constituées de pierres latérales dressées et de pierres de couvertures au-dessus . A l’ouest, une dalle de « fond » avec un décor de cupules fut peint avec de l’ocre ; ces cupules ( petites cuvettes rondes) forment un cercle .
Extrait d’aquitaine Historique , article de Alain BEYNEIX de 2007
Aperçu architectural : Cette allée couverte a été intégrée à une époque indéterminée dans le rempart défensif qui barre l’éperon de Roquefort dans l’Entre-deux-Mers. Découverte et fouillée par l’abbé Labrie en 1922 (Labrie, 1923), cette tombe mégalithique fut étudiée par Alain Roussot et Julia Roussot-Larroque à partir de deux campagnes de terrain en 1971 et en 1976 . Le monument, de type allée girondine, mesure 14 m en longueur et 1,40 m en moyenne en largeur. Deux rangées parallèles d’orthostates, neuf à gauche et douze à droite, de 0,50 à 1,70 m de haut, forment les parois latérales. Initialement, une série de tables assurait la couverture. De nos jours, trois subsistent encore en place sur les montants. D’autres gisent autour du mégalithe.
De grandes dalles plates couvrent le sol. Tous les blocs qui ont servis à la construction de cette tombe communautaire sont en calcaire à astéries. Le tumulus semble être constitué de plaquettes de calcaire et paraît être bordé en façade par un parement, de faible hauteur, composé de dalles posées sur chant (Devignes, 1995, p. 65-68 et fig. 48-49). Un chapelet de sept cupules creusées artificiellement, de 5 cm de diamètre, est nettement visible sur la face interne de la dalle de fond .Leur disposition dessine un grossier demi-cercle.
Étude comparative du décor :Claude Burnez avait rapproché le décor en demi-cercle de Roquefort aux colliers qui ornent certaines allées couvertes armoricaines (Burnez, 1976, p. 114).
Il reconnaissait cependant lui-même que l’hypothèse était fragile en l’absence de figurations de seins souvent associées à ces parures tant en Bretagne que dans le Bassin parisien. Ajoutons qu’il convient d’admettre également que les colliers sont constamment figurés par des tracés linéaires et non par des cupules
Allées couvertes du Sabatey
Elles furent fouillées en 1923 par l’abbé Labrie .Sur ce lieu, il doit il y avoir beaucoup de ces sépultures . Deux dolmens sont apparents sur ce plateau qui surplombe l’Engranne ; ils ont un cairn de pierres, le dolmen et le tertre de terre ; le cairn est en général rond (pour conjurer le mauvais sort) ou oblong pour un dolmen plus grand.
Allée couverte de Curton
Juste à côté de l’allée couverte, un chemin dallé mène en pente douce à l’Engranne et à son gué ; ce chemin permettait aux bœufs de remonter avec moins d’effort que sur un chemin de pierres ou de terre. De l’autre côté du chemin, une enceinte carrée avec des murs de 1 m de haut et 3 m de large, sans doute le lieu pour les animaux et l’homme qui les gardait.
L’allée est petite mais bien sauvegardée, avec une porte pour entrer dans le tumulus. Sur la pierre trois gravures qui sont des symboles forts indiquant que les personnages enterrés sont importants : un U ou fer à cheval, un cercle, et un cercle avec de courts rayons intérieurs.
Extrait d’aquitaine Historique , article de Alain BEYNEIX de 2007
Présentation du monument : Les vestiges de cette tombe mégalithique, tous en calcaire à astéries, émergent encore de la masse tumulaire.
L’architecture interne, de type allée d’Aquitaine, s’observe sur 7,55 m. La largeur est variable, de 0,75 m à 1,35 m. Actuellement, les parois latérales comportent cinq montants à gauche et trois autres à droite. Au chevet ne s’élève qu’une unique dalle de 1,15 m de long. Une seule table de couverture, de 2,50 m sur 2,30 m, subsiste et repose sur trois orthostates. Connu depuis le milieu du XIXe siècle, ce monument fut fouillé par l’abbé Labrie en 1904 (Labrie, 1906). Ces recherches livrèrent les restes de huit sujets et un mobilier archéologique assez restreint, dont il faut surtout retenir une pendeloque cylindrique et deux objets en forme d’ancre, tous trois en os . L’allée du Curton figure depuis le 24 octobre 1995 sur la liste des Monuments historiques du département de la Gironde.
La surface intérieure de la dalle de chevet, très plane, fut bouchardée. Elle comporte une ornementation gravée peu profondément. La composition couvre toute la partie supérieure mais elle demeure incomplète car le sommet de la pierre, cassé et érodé, manque. Dès lors, on peut estimer qu’une partie du décor a pu ainsi disparaître. Les tracés dessinent un cercle (radié ?) surmonté de six traits parallèles, un second cercle (incomplet) surmonté de deux traits parallèles, un fer à cheval, un cercle et le début d’un signe (arrondi) indéterminé interrompu par la bordure de la dalle.
Analogies et symbolique du décor : Les décorations complexes du Curton furent décrites en détail par Claude Burnez à qui elles rappelaient les
thèmes ornementaux de la vaisselle en céramique du Peu-Richardien). Les incisions circulaires ou semi-circulaires et surtout les motifs soléiformes caractérisent en effet les productions du Peu-Richardien final ou Peu-Richardien maritime . ………..Toutefois, les exemples de signes solaires, de motifs en U (ou en fer à cheval) et de cercles abondent dans tous les grands foyers d’art mégalithique européen de la péninsule Ibérique aux îles Britanniques,
Souterrain-refuge de Fauroux
Dans la vallée de l’Engranne trente souterrains de ce style sont répertoriés.
Léo Drouyn au XIXème siècle, puis l’abbé Labrie au XXème , le découvrent et le dégagent un peu mais font une datation erronée.
Ce souterrain a connu trois exploitations : stockage à l’époque gallo-romaine, souterrain-refuge au IXème siècle au moment des invasions, puis stockage à l’époque médiévale .
Lors de la première époque : ce sont des silos à grains de la villa gallo-romaine située à proximité sur le plateau ; on a trouvé des poteries dans le souterrain ; il possédait 2 entrées une haute ( sur le plateau) et une basse ( dans la falaise).
Il est abandonné puis au moment des invasions barbares le souterrain devient refuge . La sortie basse est donc transformée : le couloir rectiligne de l’époque gallo-romaine, qui permettait des entrées et sorties faciles, est bouché et un nouveau en biais est construit pour permettre de mieux contrôler l’arrivée des assaillants . Des trous sont percés pour permettre d’envoyer des flèches ou de passer des pics pour embrocher. Les portes qui fermaient de l’extérieur pour le stockage deviennent des ouvertures fermées de l’intérieur avec des encoches dans les parois, pour y mettre des barres transversales pour renforcer la sécurité.
An Moyen-âge, on réemploie le souterrain à nouveau pour du stockage, sans doute pour des céréales ; il est transformé et une pièce nouvelle est creusée à l’entrée.
Elisabeth Roux