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Génissac, son église, son château, son port, château Lecourt-Caillet

& Moulon, la tour de l’Ansouhaite

Merci à par Marie Catherine Sudret, guide du Patrimoine, pour cette visite guidée conviviale et très intéressante

Histoire : L’origine du nom de Génissac signifie qu’un certain Génissius était propriétaire d’une villa gallo-romaine correspondant au territoire de l’actuelle commune. ; cependant le site est occupé dès la préhistoire, car on trouve à certains endroits des silex taillés .

Des manuscrits des VII et VIII ème siècles attestent l’existence de la paroisse de Génissac. Au XI siècle le bourg se développe grâce à son port , notamment pour des échanges avec l’abbaye de La Sauve Majeure qui est l’une des plus importantes dans le royaume ; le commerce fluvial dessert aussi les 2 rives de la Dordogne, à la fois pour les personnes avec un bac payant , et les marchandises ; les ports ne se font pas face ,sur les 2 rives , pour faciliter l’accessibilité à cause de la marée.

Le commerce s’intensifie vers les XIII et XIV siècles, pour le commerce du vin avec Bordeaux qui échange avec l’Angleterre. Les anglais fournissent de leur côté, différentes marchandises dont des albâtres.

L’église St Martin de Génissac: : construite à l’emplacement de l'ancienne , l’édifice actuel date de 1853 ; son style est néo-gothique( dans le style tant aimé du cardinal Donnet ) avec un mobilier de l’époque dont un autel (dédié à St Roch)et des statues aux couleurs resplendissantes après la dernière restauration ; la particularité de l’église est un retable remarquable constitué par 10 tableaux sculptés ( 5 sur la vie du Christ, 5 sur St Martin) et 22 statuettes . Ces albâtres anglais (calcaire ancien très compact , provenant de carrières du centre de l’Angleterre) , sont des pièces finement sculptées du XIV ème siècle, La pierre si pure et si fine laisse passer la lumière dans les parties les plus minces .

On ne sait comment elles sont arrivées à l’église de Génissac ; sans doute un don d’un riche propriétaire ( le seigneur du château ?) qui en avait passé commande.

Intérieur de l'église : retable avec albâtres et autel
Intérieur de l'église : retable avec albâtres et autel
Intérieur de l'église : retable avec albâtres et autel

Intérieur de l'église : retable avec albâtres et autel

Le Château viticole Lecourt Caillet :M et Mme Lecourt, nous font la visite de leur propriété familiale de 52 ha en rouge et 1,5 ha de blanc, en appellation Bordeaux. L’exploitation emploie 3 membres de la famille et 2 ouvriers agricoles et fait appel à une entreprise pour les gros travaux à faire dans un délai rapide (épamprage, taille au vert, etc)

Les vendanges (à la machine) sont terminées depuis mercredi ; la machine à vendanger a 5 « bâtons » qui secouent les ceps ; les grains sont aspirés ( les feuilles et autres intrus éliminés) . Une machine de ce type est rentable à partir de 50 ha malgré son coût d’achat et d’entretien élevé.

Les raisins vendangés sont mis le plus rapidement possible dans les cuves inox .les journées de vendanges sont donc de durée variable , car , adaptées à la quantité de raisin pour remplir une ou plusieurs cuves en totalité .

Dans le cuvier des rouges(90% de merlot et 10% de cabernet sauvignon) , les raisins sont en fermentation alcoolique, à une température de 30° ; 2 fois par jour une « remontée » est effectuée : on pompe le jus dans le bas de la cuve(250 hl) , il passe dans une machine qui l’ »aère », puis il est envoyé en haut de la cuve pour mouiller le chapeau de rafles qui remonte en surface continuellement. Certaines cuves ont terminé cette fermentation et la température descend ;pour les blancs et les rosés la température est thermo-régulée car elle ne doit pas dépasser les 18°. Les rosés sont des rosés de saignée , les blancs de cépage sémillon majoritaire ;

Les cuves ciment servent à stocker le vin juste avant la mise en bouteille car elles permettent une grande stabilité de température.

Un chai à barriques , (renouvelées d’1/3 par année) accueille les cuvées Prestige et Fleur de Caillet.

Une dégustation complète cette visite extrêmement détaillée, si intéressante et particulière en période de vendanges !!

L’accueil de M & Mme Lecourt se poursuit dans leur cuvier, pour notre pique-nique !!

machine à vendanger
machine à vendanger
machine à vendanger

machine à vendanger

Le Vieux Château de Génissac :

Historique : Raymond Guillaume de Génissac ,au XII ème ,participe à une bataille pour protéger l’abbaye de Le Sauve Majeure ; son fils partira en croisades avec l’habit des moines . Cette famille est alors propriétaire des terres de Génissac mais sous la souveraineté de l’abbaye.

Dès le début de la guerre de 100 ans , les seigneurs doivent faire allégeance à un des 2 souverains( royaume d’Angleterre ou de France ) pour mériter sa protection. En 1354, le seigneur de Génissac choisit Edouard III et a le droit de fortifier sa maison, d’engager et de payer des hommes pour les combats. La fortification de la maison permet la construction de murailles et de fossés.

En 1453 Henri VIII donnera la forteresse de Génissac à un anglais puis elle passe à la famille de Chassaigne ; Michel de Chassaigne est parlementaire à Bordeaux , il finance les albâtres de la chapelle du château ( aujourd’hui disparus)et peut-être ceux de l’église St Martin .C’est aussi lui qui transforme le château.

Le château :Il est construit sur un tertre qui domine la Dordogne ( Jusqu’au XIX ème les fleuves sont les principales voies de communication)

Il fut très certainement une simple motte féodale au X ou XI ème siècle ; la motte féodale est un édifice en bois (tour de guet) construit sur une butte artificielle en terre, sur le pourtour un fossé avec une palissade, et entre le fossé et la motte, la basse-cour où se réfugiait le bétail et la population, en cas d’invasions.

Dans l’Entre-deux-Mers il y a tous les 5 à 8 kms des tours de guets pour surveiller la Dordogne et la Garonne et l’intérieur des terres ; Ce fut une région qui subit beaucoup d’invasions ( les sarrasins, la guerre de 100 ans , puis les guerres de religions…) Toutes ces fortifications seront soit détruites soit transformées en châteaux.

Ce sont les métayers qui vivent dans la forteresse( habitat construit à l’intérieur de l’enceinte,le long des murailles) et en assurent la défense.

L’édifice en bois de la motte féodale sera remplacé vers le XIV //XV ème siècle ,par une construction en pierre : un donjon ceint par une muraille et des fossés.

Le système de défense de cette construction sera modifié au cours des siècles , la forteresse s’adaptant à l’armement , puis à partir du XV les seigneurs viennent l’habiter ;ils font construire des bâtiments d’habitation le long des murailles ; Ces habitations seront percées d’ouvertures au XVIII , afin d’améliorer le confort de la forteresse qui devient château de résidence

Le château se présente à nous comme un quadrilatère, qui, au départ, est ceint de fossés, renforcé sur les 4 angles de tours rondes ; il n’en reste que 2 ; au XV la tour carrée remplace une ronde et dans la première moitié du XIXème siècle, un des propriétaires abattit la tour sud-est. Au début du XVIème siècle, Michel de Chassaigne fit surélever l'ensemble. Au XVIIIème siècle les fossés disparurent.

Les tours étaient reliées entre elles par de hauts murs au sommet desquels se trouvaient des chemins de ronde.

La porte d’entrée est équipée du système de défense traditionnel (pont levis etc) et d’une porte piétonnière défendue à l’intérieur du porche par un poste d’affut en contrebas.

Au centre de l'édifice se trouve une cour centrale avec un puits profond et sur le pourtour adossé à l’ancienne enceinte les logements avec des fenêtres de différentes époques , d’une porte XVII , très belle , et des annexes pour la propriété agricole

L'ensemble des constructions était entouré de douves sèches qui constituaient un obstacle supplémentaire vers l'intérieur des terres, le nord et l'est étant protégés par une dénivellation naturelle.

le vieux château de Génissac
le vieux château de Génissac
le vieux château de Génissac
le vieux château de Génissac
le vieux château de Génissac
le vieux château de Génissac
le vieux château de Génissac
le vieux château de Génissac
le vieux château de Génissac

le vieux château de Génissac

Les bâtiments extérieurs : des bâtisses (logements des métayers, granges, entrepôts agricoles etc ) la chapelle et juste à côté une porcherie traditionnelle , avec le poulailler au-dessus et étable ou bergerie à côté.

La chapelle : elle date du XVI ; Il ne reste que le transept de la petite église (située à l 'intérieur de la vaste enceinte qui entoure alors le Château et la basse-cour ) que fit construire Michel de Chassaigne lorsqu’il fonde le couvent de Notre Dame de Recouvrance, qui sera occupé par un chapitre composé quatre chanoines.

A l’intérieur il ne reste que la copie du soubassement d’un gisant (l’original est au Musée d’Aquitaine) ; on suppose qu’il y en avait 2 , un pour Michel de Chassaigne et l’autre pour son épouse . Plus aucune trace des albâtres commandés et achetés par Michel de Chassaigne….

bâtiments agricoles et chapelle
bâtiments agricoles et chapelle
bâtiments agricoles et chapelle

bâtiments agricoles et chapelle

Tour de l’Ansouhaite à Moulon : elle est classée monument historique dans les années 1960. Au XIX Léo Drouyn s’y est intéressé ; il en a fait de jolis dessins et il pense qu’elle n’était pas entourée de fossés…peut-être construite par Raymond de Grésignac , plus tard elle dépend comme Génissac d’un seigneur plus important.

Tout comme pour le vieux château de Génissac , les documents anciens indiquent la construction d’une motte féodale , à environ 300 m de la tour d’Ansouhaite. puis la demande de fortification et la construction au XV , d’une tour fortifiée qui sert de guet sur la Dordogne ; Le besoin d’une tour de guet fortifiée en pierre au XVe siècle a provoqué la construction de la tour d’Ansouhaite. Cette tour ne sera habitée que par des métayers .

la tour de l’Ansouhaite s’étage sur trois niveaux :un rez-de-chaussée avec une porte ogivale , assez large pour le passage des charrettes , du fourrage et du bétail . Au 1er l’habitation à laquelle on accédait par une échelle de meunier jusqu’à l’échauguette. Au 2ème étage stockage du matériel de guerre .Au sommet, une couronne de consoles indique des mâchicoulis disparus.

A l’intérieur de la tour, un pilier central soutient les planchers , et chaque étage est de même surface sans cloison.

Les murs, d’1 m d’épaisseur sont percés d’archères ; les baies à meneaux verticaux dont le linteau est gravé de deux trilobes sous un arc brisé ,sont postérieurs.

Des bâtiments annexes d’habitations seront édifiés accolés à la tour, puis détruits.

la tour de l'Ansouhaite
la tour de l'Ansouhaite
la tour de l'Ansouhaite

la tour de l'Ansouhaite

les dessins de L Drouyn
les dessins de L Drouyn
les dessins de L Drouyn

les dessins de L Drouyn

Le port de Génissac : (Fin de d’après-midi pluvieuse, l’attention est toujours là , mais l’envie de promenade pour découvrir le site s’amenuise… en voici l’histoire et ses monuments , présenté par la mairie de Génissac)

Le port de Génissac, au bord d’un méandre de la Dordogne, eut une activité importante jusqu'au XIX ème siècle ,et il fut donc le groupe le plus important d'habitations de la commune, puisque point central économique et de vie , de Génissac.

« Ce lieu conserve des maisons anciennes, mais également quelques monuments médiévaux regroupés autour de la cale du port construite dans la seconde moitié du XIX ème siècle.

Les vestiges d'une motte féodale, possession des seigneurs d'Anglade, sont encore visibles sur les bords de la rivière. La " Mota deu Castérar" mentionnée dans les textes du XIVème siècle, qui permettait au puissant seigneur de surveiller la circulation des marchandises transitant par le port, correspond à une butte de quarante mètres de diamètre très aplatie, résultant de six ou sept siècles de mise en culture. Les vestiges des fossés d'enceinte entourant le château de bois posé sur cette butte ont disparu.

De l'autre côté du chemin qui conduit à la cale du port, se trouve l'ancienne maison noble appelée "Château du Port de Génissac". (Nous la voyons , elle est presque en ruine mais en voici son histoire ):elle fut saisie et vendue à la Révolution, et l'une de ses tours fut abattue pour faire place à un chai. La tour du XIV ème siècle conservée est carrée et sa toiture pyramidale est couverte de tuiles plates. Des dispositifs de défense prévus à l'origine, ne subsistent plus que deux corbeaux placés à l'un des angles de la construction. Elle présentait sur l'une des faces deux petites ouvertures. A l'intérieur de la tour se trouve(ait ?) une cheminée en pierre à bandeau mouluré du XVII ème siècle. Accolé à la tour, l'ancien logis du château de la fin du XVII ème siècle recouvert de vigne-vierge(….) est percé d'ouvertures modifiées considérablement par la suite.

Un peu plus loin à l’intérieur du bourg du port ,la chapelle Saint-Nicolas, unique vestige du prieuré fondé par les moines clunisiens de l’abbaye de Saint-Martial de Limoges et devenu par la suite possession de l’abbaye de la Sauve-Majeure est un édifice roman. Construit en 1156, il comporte une nef et un chœur à chevet plat, le tout couvert d’un berceau brisé. Les chapiteaux des colonnes recevant les arcs doubleaux sont décorés de tresses de fougères et les bases des mêmes colonnes ornées d’un boudin en saillie et pourvues de griffes aux angles. Trois fenêtres romanes très étroites dont l’ouverture en arc brisé s’inscrit dans un arc en plein cintre éclairent la chapelle. Les montants d’une cheminée englobés dans le mur sud, au niveau du premier étage, sont les seuls témoignages de la maison du prieur.

Notons aussi que la Chapelle Saint Nicolas, située au Port derrière l’ancienne distillerie, non loin du puits rénové, vient d’être classée à l’inventaire des Monuments Historiques. »

Elisabeth Roux

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