Le soleil a brillé sur ces deux après-midis, ce qui a contribué à la joie de tous. Les visiteurs ont été nombreux à partager nos balades et les visites guidées du musée du maraîchage. Nous les remercions chaleureusement et espérons les revoir lors de nos prochaines manifestations.
Nous tenons aussi à remercier nos élus, MM. Cabrafiga, Olivier et Mesplède ainsi que Mme Pate du Service architecture et patrimoine urbain en projet de Bordeaux Métropole. Leur participation à nos balades et à la visite de la cabane montre leur intérêt pour le patrimoine eysinais si cher à notre association.
Enfin, n’oublions pas de remercier chaleureusement Jean-François Larché notre conférencier dont la compétence et la disponibilité sont remarquables, Marie-José Niffle qui nous a raconté ses souvenirs de Cantinolle et nous a accompagnés lors de notre balade et les membres de notre association dont le soutien et l’implication nous permettent d’organiser ces activités.
Le thème des Journées Européennes du Patrimoine était cette année le patrimoine durable. A Eysines, nous avons choisi de mettre à l’honneur deux éléments indispensables à notre vie et que nous devons absolument préserver :
-les végétaux et tout spécialement les arbres séculaires eysinais,
-l’eau, celle de nos sources innombrables et celle de notre Jalle.
- « Le parc de Lescombes, un jardin confident d’histoire et territoire à enjeu », samedi 17 septembre
Le château est prêt à accueillir nos visiteurs attentifs aux explications de Jean-François Larché (Photos Connaissance d’Eysines)
Entre trente-cinq et quarante personnes ont suivi avec attention les explications précises et détaillées de Jean-François Larché, notre guide pour la découverte du parc de Lescombes. Ses connaissances et sa passion pour ce patrimoine vivant ont séduit nos invités !
Pour parfaire ses explications, Jean-François Larché a pris soin d’installer dans le parc nos jolies reproductions des cartes postales anciennes, chacune à l’endroit où a été prise la photo il y a plus d’un siècle : « …Ces deux créations -la photographie et la carte postale- vont illustrer des milliers de lieux et créer une ressource originale et unique telle qu’un siècle plus tard, celle-ci reste toujours une référence. C’est donc grâce à cette iconographie que nous pouvons saisir un pan de vie de cette demeure… ».
Nous commençons devant le château : « …le jardin, qui se trouve à proximité des lieux de vie, parcouru régulièrement par ses occupants, constitue un espace extérieur de vie, modifiable selon les envies, sensibilités, modes, saisons et fortunes. L’élément roi de cet espace est l’agrume présent en caisses « à la Versaillaise » qui viennent agrémenter les abords…. A la mode des années 1900, la part belle est faite aux touches de couleurs données par les plantes annuelles et les tubéreuses…A Lescombes, les images d’époque suggèrent aussi la présence de lilas des Indes et de troènes du Japon … Devant l’entrée au nord-est avenue du Taillan, le sophora du Japon et le cèdre de l’Atlas sont les derniers témoins du parc aménagé vers la fin du Second Empire ou le début de la IIIème république… Le sol garde encore la trace du cheminement en ovale pour le passage des voitures hippomobiles… ».
Notre guide cite aussi toutes les plantes que l’on peut trouver à cette époque dans les jardins de proximité et les arbres des parcs des demeures comme celles de Lescombes.
Le parc et le tract (Conception et photos Connaissance d’Eysines)
Nous contournons le château et sommes cette fois dans le parc : « … Côté ouest, un cheminement accessible par la droite est balisé d’une dizaine de chênes verts dont les plus anciens sont pluriséculaires… une telle disposition semble attester l’existence d’un parc au XVIIIème siècle… Ce cheminement proposa donc, au tournant séculaire de la Belle Epoque, une approche digestive et hygiénique des convives qui permettait de faire admirer autant la beauté des lieux que l’aisance financière du propriétaire… Il semble possible que le parc était complété d’un bosquet de charmes au nord-ouest, d’un sous-bois de rhododendrons et de l’installation de bassins aux extrémités de l’allée centrale… Un cheminement central, séparant ce jardin en deux, était ponctué latéralement d’allées dans le plus pur style des parcs à la Française… Un apport régulier d’essences nouvelles dans la seconde partie du XXème siècle a gommé la vision globale des volumes créés par le jardin initial… ».
- Visites guidées du musée du maraîchage sur le site de Lescombes, samedi 17 septembre.
Le tract et le hangar (Conception et photos Connaissance d’Eysines)
Nous accueillons tout le reste de l’après-midi, presque cent visiteurs qui découvrent l’histoire du maraîchage à Eysines.
« De Cantinolle au Marais : l’eau un patrimoine durable », dimanche 18 septembre
Le tract et nos visiteurs au départ de la balade (Conception et photos Connaissance d’Eysines)
Une bonne trentaine de personnes nous retrouve rue du Prado pour notre visite de ce quartier. Nous parcourons l’avenue du Médoc jusqu’à la Jalle, puis revenons par le chemin jusqu’à la cabane maraîchère. Nota : ce chemin privé a fait l’objet d’une demande aux propriétaires pour permettre ce cheminement exceptionnel.
Les cadastres de 1808, 1844 et 1967 sont montrés pour permettre d’apprécier les changements notables de ce quartier.
L’eau a toujours été omniprésente dans ce secteur de notre territoire communal et en a influencé la mise en valeur. L’eau des nombreuses sources de Cantinolle a été valorisée depuis longtemps localement mais aussi utilisée pour la consommation de la ville de Bordeaux. L’Aqueduc du Taillan emmenant les eaux des sources du Thil a été construit dès 1851, mais plus bas que prévu et c’est alors que toutes les sources se déversent dans cet aqueduc ruinant le remarquable travail de drainage effectué sur le domaine de La Fontaine par M. Lemotheux. Celui-ci intente alors un procès à la ville de Bordeaux et nous citons son recours devant le Conseil d’Etat en 1857. Finalement, en 1864, la ville de Bordeaux achète plus de dix-neuf hectares à M. Lemotheux puis capte les sources de Cantinolle…
Nos visiteurs route du Médoc (Photos Connaissance d’Eysines)
Un peu plus loin sur la route du Médoc, nous nous arrêtons à la hauteur des anciennes constructions de « château Cantinolle », les cadastres servant toujours de témoins pour les changements survenus ! M. Augustin Ducros de Bordeaux achète ces terrains en 1865 à M. Lemotheux puis MM Gabriel et Ferdinand Girardeau, négociants de Bordeaux, en deviennent propriétaires en 1888. Château Cantinolle est une propriété viticole de huit hectares qui produit trente tonneaux, ses vins sont médaillés aux expositions européennes de la fin du XIXème siècle et ils reçoivent la plus haute récompense du Ministère de l’agriculture en 1897. En 1905, Ferdinand Girardeau quitte l’exploitation, il est remplacé par Camille Thillet, le gendre de Gabriel. En 1914, le domaine est vendu à Bertrand Triat, qui est agriculteur et éleveur de porcs. C’est la fin de cette belle exploitation viticole en ces lieux !
Nous poursuivons à peine plus loin, de l’autre côté de la route cette fois, où nous faisons découvrir cette grande maison de huit ares vingt-cinq, déjà mentionnée sur les cadastres de 1808 ! En 1864, elle est divisée en cinq lots avec une parcelle de jardin à l’avant et une à l’arrière de la maison. Pour la plupart de ces parcelles, plusieurs générations de la même famille vont se succéder en ces lieux alors que d’autres seront vendues une ou plusieurs fois.
A notre arrêt suivant, près de la station d’épuration (toujours le lien avec le thème de l’eau !), nous évoquons l’histoire de l’usine qui existait autrefois, en bord de Jalle, à l’emplacement occupé actuellement par l’entreprise Diatan . Une histoire peu et mal connue ! C’est en 1862 qu’une fabrique de cordes harmoniques est installée après demande à la Préfecture. Les propriétaires sont alors MM. Dutripon et Monnier. Ils ne sont là semble-t-il que jusqu’en 1875. Cependant entre les deux guerres cette usine était nommée par les Eysinais et Taillanais « chez Tripon » ! L’entreprise qui suit est toujours une société de fabrique de cordes harmoniques, la société Babolat frères et Maillot dont la maison mère est à Lyon. Entre 1914 et 1926 (nous n’avons pas encore trouvé la date exacte), la boyauderie bordelaise dont le siège était rue du Serpolat, dans le quartier de la gare Saint-Jean à Bordeaux est propriétaire et cela jusqu’en 1984. En 1964, il y a encore une quarantaine d’employés et avant la fermeture, juste quinze employés.
Sur le chemin du retour, nous longeons le Marais d’Eysines, drainé sans doute vers 1830 -1840, sur le modèle de M. Lemotheux : les nombreuses sources sont captées puis conduites par des canaux, formant des ruisseaux jusqu’à la réguette de la Bigueresse qui est ainsi alimentée jusqu’au moulin de Plassan (ou moulin noir). Les terrains jusqu’alors totalement incultes à cause de cette eau surabondante, deviennent des jardins fertiles à la terre fine appelée « sable noir ». Ils vont être la grande chance pour tous les agriculteurs eysinais qui, avec patience, acclimatent toutes sortes de légumes et même développent des variétés portant la dénomination « Eysines » comme pour la pomme de terre primeur, la carotte et le giraumon brodé ! Nous voyons quelques champs de galeuses qui finissent de mûrir. Nous montrons aussi deux anciennes cabanes dont ne subsistent que les cheminées de briques et de pierres.
Champ de galeuses et nos visiteurs dans le Marais (Photos Connaissance d’Eysines)
Notre dernier arrêt se fait à la limite de l’ancienne métairie du Sescat qui appartenait dès le XVIIème siècle aux seigneurs de La Plane. Elle avait une superficie de plus de onze hectares. Elle est vendue en 1881 par M. Malineau ancien propriétaire de Lescombes, à M. Louis Durrousseau et transmise partiellement à son propriétaire actuel, Henry Durousseau. Un bâtiment de pierres abritant les métayers appelé aussi métairie, situé à proximité du chemin, est encore visible en 1808 mais absent en 1844.
- Visites guidées de la cabane maraîchère, rue du Prado, dimanche 18 septembre.
Nous accueillons tout le reste de l’après-midi une cinquantaine de visiteurs qui découvrent le lieu de vie des jardiniers eysinais.
Nos visiteurs à la cabane (Photos Connaissance d’Eysines)
Ainsi s’achèvent ces deux belles après-midis qui nous ont permis de partager nos recherches (parfois fastidieuses !) et notre plaisir de découvrir les riches et innombrables atouts de notre ville.
Marie-Hélène Guillemet et Elisabeth Roux