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Voici notre dernier document concernant l’ancienne maison noble de Laplane. Nous abordons l’histoire des maisons édifiées à Lescombes suite au démantèlement du domaine. Dès 1860, M. Malineau procède à des ventes de terrains. Les constructions vont alors commencer. En 1859, Mme Clorindre Lajoux de Bordeaux fait construire une petite maison, qui, agrandie, deviendra la Villa Rosario. En 1861, M. Sylvius, fait bâtir une petite maison chemin de Béchade (avenue Jean Mermoz), qui sera elle aussi agrandie. Quant aux premiers Eysinais à faire édifier leur maison au chemin de Béchade il s’agit de M. Argillos en 1863, puis M. Michelet en 1865, juste à côté, etc…

Nous avons choisi d’évoquer ces constructions et leur propriétaire en utilisant les numéros des parcelles du cadastre de 1844 (qui court jusqu’à l’édification du suivant en 1935 !). C’est notre façon de rappeler que ce quartier a émergé suite aux ventes des biens de Laplane !

Nos sources : Matrices cadastrales, listes électorales, recensements, réquisitions pendant la seconde guerre mondiale aux archives municipales. Etat civil aux archives départementales.

Souvenirs : Nous avons interrogé les Eysinais pour qu’ils nous fassent part des images qu’ils ont gardées en mémoire de ce quartier de Lescombes. Nos questions ont été nombreuses auprès de tous ceux qui vivent et/ou ont vécu dans les maisons familiales érigées et /ou achetées par la volonté de leurs ancêtres. Nous les en remercions vivement.

I - Sur l’ancienne parcelle de vigne n° C 733 et celle de terre n° C 733 bis, au début de l’avenue du Taillan entre la rue de Montalieu (prolongée par la rue Armand Guiraud) et l’avenue Jean Mermoz.

Extrait du cadastre de 1844, l’avenue Jean Mermoz, ancien chemin de Béchade, n’apparait pas.  (Références AD33 : assemblage de 3 P 162/42 et 3 P 162/43)

Extrait du cadastre de 1844, l’avenue Jean Mermoz, ancien chemin de Béchade, n’apparait pas. (Références AD33 : assemblage de 3 P 162/42 et 3 P 162/43)

- 222, avenue du Taillan, Pôle Santé de Lescombes : en 1871, construction par Epiphane Guiraud, dit Jeanty, d’une maison avec une porte cochère et douze fenêtres. En 1890, la maison est séparée en deux :  1- Jean Argillos, gendre Guiraud, acquiert une partie avec six fenêtres. En 1912, cette maison est à Camille Argillos, gendre Argillos, puis en 1935, à Alfred Argillos, gendre Marsadier. 2- En 1900, Bernard Guiraud (dit Armand), gendre Massies et premier adjoint d’Aladin Miqueau, est propriétaire de l’autre partie de la maison avec une porte cochère et six fenêtres, il y habite toujours avec son épouse en 1921. (La rue Armand Guiraud est toute proche).

222, avenue du Taillan, photo de Connaissance d’Eysines avec l’autorisation du propriétaire.

222, avenue du Taillan, photo de Connaissance d’Eysines avec l’autorisation du propriétaire.

- 1, avenue Jean Mermoz : en 1863, Bernard Argillos, dit Berniche, construit une maison avec six fenêtres. En 1882, Bernard Guiraud jeune l’acquiert. En 1883, il agrandit la maison qui a sept fenêtres et en 1890 fait construire un atelier avec deux fenêtres. En 1893, la maison est décrite avec douze fenêtres. Elle passe ensuite à Jean Louis Guiraud, charpentier. En 1921,1926 et 1931, Camille Argillos né en 1877 et son épouse sont recensés comme propriétaires et cultivateurs.

- 3, avenue Jean Mermoz : le 27 octobre 1859,  François Michelet, gendre Curat, achète 21,40 ares de vignes à M. Malineau. En 1865, il construit une maison avec trois fenêtres. En 1876, il transforme cette maison qui a alors quatre fenêtres.  En 1913, Aristide (ou Jean) Michelet, gendre Labeyrie, est propriétaire. La maison et son terrain ont une surface de 140 m2. Les 20 ares de terrain restants ne sont plus en vignes. En 1921, Aristide Michelet né en 1865, son épouse Noélie, leur fils Guillaume, né en 1893 et marié à Alexandrine Seurin, habitent la maison et sont tous les quatre cultivateurs. En 1926 et 1931, Maurice Michelet et son épouse Alexandrine Seurin sont propriétaires cultivateurs. Ils vivent avec leur fils Jean Robert né en 1925 et Aristide Michelet père et patron-coiffeur. En 1936, Daniel Bouchonnier, un domestique de 17 ans est ouvrier agricole chez eux. Aristide Michelet est le propriétaire mentionné jusqu’en 1931 et à cette époque la maison n’a pas connu de transformations. En 1936, Alexandrine Michelet vit avec son fils de 11 ans. Le domestique agricole, est toujours là depuis onze années. Il est marié et son épouse travaille aussi sur la propriété tout comme Louis Blanc qui a 15 ans.

-5, 7 et 9, avenue Jean Mermoz : en 1862, Mathieu Laborde dit Cadiche, gendre Micas, achète 34,04 ares de terre à M. Malineau. En 1866, Méric Laborde, gendre Barrière est propriétaire et construit une maison la même année. En 1874, il sépare sa terre en deux parts égales de 17,02 ares : il garde une partie et l’autre va à Mme Jeanne Laborde, épouse Danet au Taillan.

  • 5, avenue Jean Mermoz : en 1874, Jeanne Laborde, épouse Danet, est propriétaire d’une terre de 17,02 ares. En 1876, les époux Laborde-Danet y construisent une maison. En 1882, Mme Danet est veuve, la maison a cinq fenêtres. En 1891, la maison est modifiée avec huit fenêtres. En 1913, Jean Danet, laitier à Lescombes est propriétaire. Sa maison et le terrain alentour ont une surface de 302 m2, le reste de son terrain est composé de 2 ares de jardin et 12 ares de vignes. En 1919, aucun changement. En 1921, 1926 et 1931, Joseph Danet, né en 1863, son épouse née Amélie Tonnelle sont propriétaires cultivateurs. La famille de leur fils Jean Hector est présente elle aussi avec un garçon né en 1917, la belle-fille née Yvonne Eyquem est ouvrière agricole dans la propriété. En 1936, Jean Hector est décédé mais Joseph et Amélie Danet vivent toujours avec leur belle-fille Yvonne et Jean Joseph le petit-fils qui travaille à la BNCI.
  • 7, avenue Jean Mermoz : une maison récente sur cette propriété sans doute issue de ventes de terrains par la famille Barrière et/ou la famille Danet…
9 avenue Jean Mermoz, photo de Connaissance d’Eysines avec l’autorisation des propriétaires.
9 avenue Jean Mermoz, photo de Connaissance d’Eysines avec l’autorisation des propriétaires.

9 avenue Jean Mermoz, photo de Connaissance d’Eysines avec l’autorisation des propriétaires.

  • 9, avenue Jean Mermoz : en 1874, Méric Laborde, gendre Barrière, possède un terrain de 17,02 ares. En 1882 la maison a cinq fenêtres et en 1900, sept fenêtres. En 1882, à la naissance de Jean Barrière, son père Léonard est vigneron, sa mère se nomme Jeanne Laborde. En 1908, Jean Barrière se marie à Mérignac avec Thérèse Faget. En 1916, Jean Laborde, époux Rigau, habitant 45 rue Théodore Gardères à Bordeaux, est propriétaire de la maison. En 1925, la propriété est au nom de Mme Veuve Laborde Méric, née Elisabeth Barrière en 1846. En 1926, Elisabeth Laborde, loge dans sa maison un couple de vignerons nommé Sansot. Elle a aussi deux pensionnaires Georges et Isabelle Capeyron. En 1926, Mme Laborde Elisabeth née Barrière vit avec Jean Victor, son neveu, né en 1882. La maison est louée en partie à la famille de Georges Capeyron, manœuvre à l’équarrissage. (Georges Capeyron construit sa maison rue Antoune en 1931 ou 1933). En 1927, Albert Victor Barrière, époux Faget, est tonnelier à Lescombes et maître des lieux. Sur le recensement de 1931, la maison abrite deux foyers distincts : celui d’Elisabeth Laborde née Barrière et celui de Jean Victor Barrière. Elisabeth Laborde vit seule. Avec Jean Victor, tonnelier chez Laporte à Bordeaux, vivent son fils, Jean Robert, patron-coiffeur, né en 1908 et sa fille Elisabeth Odette née en 1914.  En 1936, Jean Barrière est toujours tonnelier chez Laporte à Bordeaux. Jean Barrière vit dans la maison avec sa fille Odette Elisabeth née en 1914 et son gendre, ébéniste chez Desmoulins à Bordeaux. Jean Barrière, époux Faget décède à Eysines en 1961. Jean Barrière, époux Bergès, est propriétaire jusqu’en 1964 au moins.
13, avenue jean Mermoz, photo de Connaissance d’Eysines avec l’autorisation du propriétaire.

13, avenue jean Mermoz, photo de Connaissance d’Eysines avec l’autorisation du propriétaire.

- 13, avenue Jean Mermoz : en 1861 M. Sylvius construit une maison. En 1863, la maison est agrandie. En 1876, le nouveau propriétaire, Jean Calendreau, marchand de denrées coloniales, demeurant 3, rue Porte Cailhau à Bordeaux, agrandie cette maison, qui a alors treize fenêtres. En 1922, M. Paul Aumailley, gendre Meu achète cette maison qui a une porte et quatorze fenêtres. Paul Aumailley est déjà propriétaire d’une maison à Lescombes où il vit avec sa famille. Il loue donc cette maison. Nous retrouvons, sur les recensements de 1926 et 1931, la famille de Roger Roux qui est ouvrier de chai chez Cruze. Le petit-fils de M. Aumailley, M. Pierre Massé, propriétaire actuel nous raconte ce que son grand-père lui a transmis : « Mme Calendreau vit avec sa fille lors de la vente à Paul Jean Aumailley. En 1933, M. Massé, gendre Aumailley, fait ajouter la jolie partie sur la rue Jean Mermoz, construite par M. Fourton maçon au Taillan et après la guerre de 1940 la partie arrière est réhaussée d’un étage ». En 1936, Robert Massé, né en 1908, vit avec son épouse Marcelle et leur fils Pierre né en 1930, le propriétaire actuel.

M. Pierre Massé nous parle de la vie eysinaise qu’il a connue et que ses aînés lui ont racontée. Il a une mémoire étonnante et nous accueille toujours avec une extrême gentillesse. Être auprès de lui est un grand bonheur. Nous ne le remercierons jamais assez !

II - Sur l’ancienne parcelle de friche n° C 736 au sud de C 733 bis, entre la rue Armand Guiraud et l’avenue Jean Mermoz.

Une maison est construite en 1873 avec trois fenêtres par Pierre Largeteau puis elle passe à Charles Largeteau gendre Mercier.

La parcelle 736, sans le tracé du chemin de Béchade ! (Références AD33 : assemblage de 3 P 162/42 et 3 P 162/43)

La parcelle 736, sans le tracé du chemin de Béchade ! (Références AD33 : assemblage de 3 P 162/42 et 3 P 162/43)

III - Sur une partie de l’ancienne parcelle de pré n° 739 :  les numéros pairs de l’avenue René Antoune entre les 2 virages

La parcelle 739 le long de l’avenue René Antoune (Références AD33 : 3 P 162/43)

La parcelle 739 le long de l’avenue René Antoune (Références AD33 : 3 P 162/43)

16, avenue René Antoune : en 1897, construction d’un chalet avec dix fenêtres par Jean Chéri Argillos, gendre Fourcade. Dans nos recherches le deuxième prénom n’apparait jamais.  Jean Argillos nait à Lescombes le 18 avril 1853, fils de Jean cultivateur de 41 ans et d’Elisabeth Pargade 38 ans laitière. Il se marie à Eysines le 14 décembre 1899 à Eléonore Fourcade, née le 13 juin 1873 à Eysines, veuve en premières noces de Pierre Robert, 26 ans, fille de Pierre décédé et de Louise Lugajac 57 ans, demeurant chez sa mère à Lescombes (les parents de Jean sont décédés avant son mariage). Le 14 septembre 1900, naissance de Jean René Argillos, fils de Jean Argillos, 47 ans et d’Eléonore Fourcade, 27 ans. Jean Chéri Argillos décède le 2 septembre 1906, à 53 ans, à Eysines.

Sur le recensement de 1911 aux archives municipales, nous trouvons alors dans cette maison : Eléonore Argillos, 38 ans chef de ménage, son fils Jean, 11 ans et sa mère Louise Fourcade, 69 ans. Le 30 octobre 1920, à Eysines, Jean René épouse Marie Aumailley. En 1921 et en 1926, Eléonore Léonie (née Fourcade en 1873, et veuve de Jean Chéri), vit seule, elle n’a pas de profession. En 1921, son fils Jean René vit et travaille avec son épouse, comme ouvriers agricoles, chez ses beaux-parents, Guillaume et Anne Aumailley, propriétaires cultivateurs. En 1931 et 1936, la maison est habitée par des locataires. Eléonore Léonie Argillos loge chez les beaux-parents Aumailley de son fils, Jean René. En 1937, la maison est à René Argillos. A partir de cette date, il n’y a plus de recensement et les matrices cadastrales sont très compliquées à consulter, n’ayant plus ni ordre chronologique ni ordre alphabétique…Mais depuis de nombreuses années la maison est à nouveau habitée par la famille Argillos, descendant de Jean Chéri.

- 14, avenue René Antoune  : en 1931 ou 1933, une maison est construite sur un terrain de 670m2 par Georges Capeyron, époux Lacaussade. Il possède, à l’arrière de sa maison jusqu’au chemin de Magéric, deux terrains mitoyens l’un en jardin de 15,55 ares et l’autre en vignes de 11,10 ares. Georges Capeyron est né en 1887 et son épouse Isabelle Lacaussade en 1894, tous les deux au Taillan. En 1926, avant de construire sa maison Georges Capeyron et sa famille étaient locataires chez la famille Laborde-Barrière au chemin de Béchade ( 7, avenue Jean Mermoz). En 1936, Georges Capeyron est manœuvre chez Chaigneau (équarrissage) tout comme son fils Jean né en 1921. Son épouse ne travaille pas. Il a deux autres fils : Jean Joseph Rolland né en 1924 et Michel Pierre né en 1928.

12, avenue René Antoune, photo de Connaissance d’Eysines avec l’autorisation des propriétaires.

12, avenue René Antoune, photo de Connaissance d’Eysines avec l’autorisation des propriétaires.

- 12, avenue René Antoune : en 1876, construction d’une maison avec dix fenêtres par Jean Pommier gendre Pourteau, en 1908 M. Jean Seurin, gendre Pommier est propriétaire. Sur le recensement de 1911, habitent dans cette maison : Jean Pommier, 64 ans, chef de ménage, propriétaire cultivateur ; Marie Pommier, 66 ans, son épouse ; Jean Seurin, 37 ans, son gendre, ouvrier agricole ; Jeanne Seurin, 31 ans, sa fille, maraîchère ; Marie Seurin, 13 ans, sa petite-fille ; Jean Seurin, 12 ans, son petit-fils ; Marie-Louise Seurin, 11 ans, sa petite-fille. Sur le recensement de 1921 sont notés : Jean Seurin, 47 ans, chef de famille, jardinier ; Jeanne Seurin, 41 ans, son épouse, jardinière ; Jean Pommier, 74 ans, son beau-père et Adeline Pommier, 76 ans, sa belle-mère, tous deux sans profession. En 1926, le recensement note deux familles dans la même maison : celle de M et Mme Pommier et celle de Jean Paul Seurin, gendre Pommier. Un garçon Jean Gilbert André est né en 1924. En 1931, Jean Seurin et son épouse née Pommier vivent dans la maison. Une partie de cette grande maison est louée à un couple nommé Dhers avec une fille de 3 ans. En 1936, Jean et son épouse vivent seuls sans locataires.

12, avenue René Antoune, la grande maison construite par Jean Pommier et ses initiales enlacées au-dessus de la porte d’entrée, photo de Connaissance d’Eysines avec l’autorisation des propriétaires.
12, avenue René Antoune, la grande maison construite par Jean Pommier et ses initiales enlacées au-dessus de la porte d’entrée, photo de Connaissance d’Eysines avec l’autorisation des propriétaires.

12, avenue René Antoune, la grande maison construite par Jean Pommier et ses initiales enlacées au-dessus de la porte d’entrée, photo de Connaissance d’Eysines avec l’autorisation des propriétaires.

IV - Sur l’ancienne parcelle de terre n° 754 : avenu René Antoune du virage à l’embranchement avec l’avenue du Taillan

La parcelle 754, située à l’embranchement de l’avenue du Taillan et de l’avenue René Antoune  (Références AD33 :  3 P 162/43)

La parcelle 754, située à l’embranchement de l’avenue du Taillan et de l’avenue René Antoune (Références AD33 : 3 P 162/43)

- 6, avenue René Antoune : en 1887, construction d’une maison avec huit fenêtres par Jacques Mondon, gendre Parenteau. Cette maison va passer de génération en génération dans la même famille jusqu’à aujourd’hui : après Jacques Mondon, Guillaume Mondon (Gaston en famille) époux de Pétronille Dupin, puis André Brondeau époux de Eva Mondon, puis Robert Baquey époux de Andrée Brondeau et leurs deux enfants Gérard et Francine Baquey. Sur le recensement de 1911, dans cette maison habitent : Guillaume Mondon, 36 ans, chef de famille, propriétaire cultivateur ; Pétronille Mondon, 30 ans, son épouse, maraîchère ; Jeanne Mondon, 12 ans, sa fille   et Jeanne Mondon, 43 ans, sa sœur. En 1921, nous trouvons : Guillaume Mondon, 46 ans, chef de famille, propriétaire cultivateur ; Pétronille Mondon, 41 ans, son épouse, maraîchère ; André Brondeau, 22 ans, son gendre, ouvrier agricole ; Jeanne Brondeau, 22 ans, sa fille, ouvrière agricole ; Jeanne Mondon, 53 ans, sa sœur et Pétronille Tobie, 71 ans, sa tante. En 1926, les familles Mondon-Brondeau sont toujours là, Suzanne (Jeanne) Mondon aussi. Le beau-père Claude Dupin a remplacé la tante Pétronille Tobie. En 1931, Gaston (Guillaume) Mondon son épouse et sa sœur habitent cette maison. Toujours sur le recensement de 1931, nous trouvons la famille Brondeau dans l’ancienne maison de Raymond Tobie (voir § suivant). En 1936, la famille Brondeau, sa fille, son gendre et leur fille Jeanne née en 1925 se regroupe à nouveau avec la famille Mondon dans la maison au 6, avenue Antoune. Le 16 juin 1939, la mairie établit une liste de logements réquisitionnables sur la commune. Chez M. Gaston Mondon, il est mentionné une remise et un grenier attenant pouvant accueillir un cantonnement de 100 hommes et de 2 chevaux. Une autre liste détaille les véhicules utilitaires réquisitionnés par l’armée française de septembre 1939 au 26 juin 1940. Une camionnette au nom d’André Brondeau est décrite ainsi : de marque Léon Bollée, année 1932, 12 chevaux, charge de 2 500 kg, avec ridelles.

2, avenue René Antoune, photo de Connaissance d’Eysines avec l’autorisation du propriétaire.
2, avenue René Antoune, photo de Connaissance d’Eysines avec l’autorisation du propriétaire.

2, avenue René Antoune, photo de Connaissance d’Eysines avec l’autorisation du propriétaire.

            - 2, avenue René Antoune :  en 1878, construction d’une maison avec huit fenêtres par Arnaud Lacave, gendre Berninet.  Sur le recensement de 1911, dans cette maison habitent : Jean Lacave, 57 ans, chef de famille, propriétaire cultivateur ; Catherine Lacave, 54 ans, son épouse ; Marguerite Lacave, 26 ans, sa bru et son petit-fils Jean Hervé 6 ans et Catherine Lacave, 74 ans, sa mère. Le fils de Jean et Catherine Lacave, Jean Samuel né le15 juin 1880,marié le 23 avril 1904 à Marguerite Bouscarut, père de Jean Hervé décéde le 10 mai 1908. En 1926 Mme Lacave Clotilde (Catherine) 69 ans vit seule. En 1931, Clotilde Lacave a été rejointe par sa belle-fille Marguerite née en 1885 et la famille de son petit-fils Jean Hervé. Jean Hervé, né en 1905, est marié à Marie-Louise Larnaudie. Ils ont une fille Liliane Marguerite Henriette née en 1926. Jean Hervé et Marie Louise sont employés de commerce à Bordeaux. En 1936, la maison est toujours occupée par les mêmes cinq personnes.

V - Sur l’ancienne parcelle de vigne à Brillau n° 1324 : 17, avenue René Antoune 

Extrait du cadastre de 1844, la parcelle 1324 le long de l’avenue René Antoune (Références AD33 : 3 P 162/43)

Extrait du cadastre de 1844, la parcelle 1324 le long de l’avenue René Antoune (Références AD33 : 3 P 162/43)

En 1868, construction d’une maison avec quatre fenêtres par Arnaud Dupuch. En 1896, Raymond Tobie gendre Saux est propriétaire. Nous savons aussi que le terrain autour de sa maison fait 300 m2, alors qu’une vigne de 22,96 ares est mitoyenne, sans doute. En 1911, Raymond Tobie 63 ans, propriétaire cultivateur, y habite avec son épouse Pétronille 61 ans. Raymond et Pétronille se sont mariés en 1875. Raymond Tobie décède à Eysines, le 6 février 1914, il a 63 ans. Le dernier folio des matrices cadastrales où son nom apparait est suivi de celui de son neveu, Guillaume Mondon, époux Dupin. C’est d’ailleurs dans la maison de Guillaume Mondon (6 rue Antoune) que nous retrouvons Pétronille Tobie en 1921. En 1915, Guillaume Mondon a les 22,96 ares de vignes de Raymond Tobie. En 1930, Guillaume ajoute les 25,97 ares de vignes venant de son beau-père à celles de Raymond Tobie. Ainsi cette parcelle de vignes se trouve à nouveau en un seul lot. Depuis 1889 elle avait été partagée entre les deux beaux-frères Raymond Tobie et Claude Dupin, l’un et l’autre époux Saux, En effet, en 1861, Arnaud Marceron avait acheté à M. Malineau 98 ares de vignes soit une toute petite moitié de cette parcelle de plus de deux hectares. M. Marceron avait revendu cette parcelle en plusieurs lots, dont 51,93 ares à Jacques Saux époux de Pétronille Lagrange, puis par héritage à leurs filles et époux : Mme et M. Raymond Tobie et Mme et M. Claude Dupin en 1869 ! Sur le recensement de 1931, nous lisons que cette maison appartient à Guillaume Mondon et que la famille Brondeau y habite : André est cultivateur son épouse Jeanne, fille de Guillaume Mondon, est cultivatrice, leur fille Jeanne née en 1922 est là ainsi qu’un domestique agricole de 19 ans.

VI - Sur l’ancienne parcelle de vigne de 3ha 38a 80ca avec un vivier d’un are n° 1114 et 1115 : Villa Rosario, avenue du Taillan :

Sur le cadastre de 1844, la parcelle 1114 et son vivier 1115 (Références AD33 : 3 P 162/43)

Sur le cadastre de 1844, la parcelle 1114 et son vivier 1115 (Références AD33 : 3 P 162/43)

carte postale Villa Rosario (collection Connaissance d’Eysines)

carte postale Villa Rosario (collection Connaissance d’Eysines)

En 1859, une petite maison avec quatre fenêtres est construite puis agrandie la même année par Mme Clorindre Marguerite Lajoux ; en 1882, cette maison est agrandie ou reconstruite car elle a quatorze fenêtres, sans doute l’état encore actuel de cette jolie villa. Les propriétaires suivants sont MM. Dumas puis Arnaud Dubos, habitant 9 rue du Colisée à Bordeaux. En 1922, Paul Emile Léon Montaubric, commissionnaire en bestiaux à Bordeaux, est propriétaire. La villa Rosario est réquisitionnée entièrement par les troupes d’occupations du 9 juin au 31 juillet 1941, puis partiellement du 1er août au 30 novembre 1941 et à nouveau du 1er juillet au 31 octobre 1942. Avant la réquisition, M. Montaubric dresse un « inventaire du mobilier et des objets mobiliers » de la villa pièce par pièce. Ainsi nous découvrons l’agencement de cette maison : un vestibule traversant, un salon, une salle à manger, côté droit la chambre bleue, une chambre contiguë au salon, une chambre et un cabinet de toilette dans le pavillon gauche, une chambre dans le pavillon droit, une cuisine, une salle de bain, des WC et une chambre rose. Le grand terrain n’a été morcelé que récemment pour la construction de la résidence « Parc Brillau » ainsi que du super marché. Avant ce morcellement la propriété de la Villa Rosario était comprise entre l’avenue du Taillan, la rue Michel, la rue Pierre Gauthier et la rue du Bréteil. Dans « Bordeaux et ses vins », édité aux éditions Féret, Villa Rosario est cité avec 6 tonneaux en 1896, 1908 et 1922. Dans les annuaires de Gironde de 1891 à 1922, où les producteurs de vins sont répertoriés en deux catégories, MM Dumas et Dubos font partie des « grands propriétaires » entre 1895 et 1919. Dès 1929, M. Mautaubric obtient l’appellation « grave » par le syndicat de Barsac. Jusqu’en 1956 il produit du grave rouge sur 0,60 ha (malbec et cabernet) et du grave blanc (supérieur ?) sur 1,2 ha (sauvignon, sémillon et muscadelle) . M. Magne est ensuite propriétaire de Rosario et continue à produire jusqu’en 1965. Cependant à partir de 1962 il n’y a plus que 0,82 ha pour le blanc et plus de rouge. En 1961 les surfaces ont déjà diminué.

VII - Sur l’ancienne parcelle de taillis-pins n°1386 et autres parcelles à Recouchet : domaine Clos de Lescombes, rue de la Lande Blanche :

Les parcelles acquises par les propriétaires successifs (Références AD33 : 3 P 162/45)

Les parcelles acquises par les propriétaires successifs (Références AD33 : 3 P 162/45)

1 - Le domaine et ses propriétaires : M. Jean-Marie Pélisson, demeurant 126 rue de Turenne à Bordeaux, achète à M. Hyvert différents terrains : en 1872 environ 4,5 hectares de pins sur la parcelle n° 1385 ; puis en 1872 et 1873 deux parcelles de taillis-pins n° 1386 auxquelles s’ajoutent deux autres terrains de landes (n° 1390 et 1392) ne venant pas de Laplane. En 1876, Auguste Lalanne devient propriétaire. En 1878, il agrandit sa propriété en achetant à M. Hyvert d’autres parcelles en partie ou en entier : 2 ha de la friche n° 736, les acacias du n° 738 et le pré n° 739. En 1889, M. Joseph Martin, 41 rue du Pas Saint Georges à Bordeaux, devient l’acquéreur pour une année. En 1890, Mme Quintin veuve née Lauzach Angélique est propriétaire. Mme Quintin augmente la surface en achetant en1896 les deux lagunes n° 1388 et 1389, en 1903 un pré n° 1585. En 1913, le domaine fait presque 9 hectares. Entre temps, en 1905, M Jean Octave Cluzeaud achète. Sur le recensement de 1911, au lieudit Lalande à Lescombes vit M Octave Cluzeaud, chef de famille, 59 ans, propriétaire cultivateur avec son épouse Augusta Cluzeaud, 63 ans ; son gendre Marcel Anjard, 28 ans, ouvrier agricole ; sa fille Marguerite Anjard, 27 ans et un domestique agricole Pierre Villefort 17 ans.  Sur les listes électorales, Jean Octave Cluzeaud est inscrit de 1905 à 1914 en étant nommé propriétaire à Haut Lescombes. Il décède à Eysines, de paralysie, le 28 mai 1915 et nous lisons sur son acte de décès : « Décès de Jean Marie Octave Cluzeaud né à Grassac, Charente, le 9 février 1852, propriétaire fils de Pierre et Elisabeth Parcellier décédés, époux de Marie Augusta Plantain. Déclaration de Pierre Abiatar 52 ans domestique et de Jean Maire 40 ans garde-champêtre ». Les parcelles 1400, 1403 et 1404 venant de Laplane sont achetées aux héritiers Berjal en 1919. M. André Boutin, épicier à Arcachon est le nouveau propriétaire, puis M. Pierre Capdeville en 1921. Le domaine est toujours nommé Haut de Lescombes. Dans « Bordeaux et ses vins », édité par les éditions Féret, Château Haut Lescombes est cité. M. Testard (est-ce le régisseur de Mme Quintin ?) produit 10 tonneaux en 1896, M. Cluzeaud 5 tonneaux en 1908, M. Boutin 5 tonneaux en 1922.  Dans les annuaires de Gironde de 1891 à 1922, Château Haut Lescombes fait partie des « grands propriétaires ». MM. Cluzeaud puis Boutin sont cités de 1911 à 1922.

Le paragraphe suivant est écrit grâce à l’aide précieuse du Docteur Colle de l’ordre des médecins, de Michel Baron pour la carrière militaire, de Gilbert Sifre pour la généalogie et bien sûr notre petite équipe aux archives municipales !  Que chacun soit remercié pour sa participation.

En 1930, M. Vincent Cuzacq, nouveau propriétaire, nomme le domaine le Clos de Lescombes.  Il est né le 22 novembre 1885 à Arengosse dans les Landes. En 1908, après son service militaire de deux années, il est cultivateur-résinier et réside à Sabres chez ses parents. Il se marie le 10 avril 1909 à Pissos avec Elisabeth Roquebert. Leur fils unique, Jean, nait le 2 février 1910 à Sabres. Vincent Cuzacq est mobilisé au front le 3 août 1914. Le 11 avril 1917 au Bois des Territoriaux, à Saint Hilaire le Grand dans la Marne, Vincent Cuzacq est gravement blessé par un éclat d’obus qui lui fracture le maxillaire supérieur droit. Le 15 juin 1919, il est décoré de la médaille militaire avec cette citation : « excellent canonnier, courageux et très dévoué. A été très grièvement blessé le 11 avril 1917 à Saint Hilaire le Grand en faisant son devoir ».

Extrait du Journal Officiel : citation concernant Vincent Cuzacq

Extrait du Journal Officiel : citation concernant Vincent Cuzacq

Il est déclaré invalide à 100%. En 1920, ses graves blessures le laissent avec un visage difforme et une perte de la vision de l’œil droit. Les documents militaires précisent qu’il a effectué « sept années, neuf mois et vingt-sept jours de services civiles et militaires, y compris les séjours en hôpitaux ». En 1921, il est fait Chevalier de la légion d’honneur. En 1931, il vit avec son épouse, son fils, étudiant en médecine et sa mère à Clos Lescombes. Au fur et à mesure des années son état s’aggrave et en 1934 il est reconnu avec une cécité complète et une surdité droite. En 1936, à Clos Lescombes, il vit avec son épouse et sa mère. Un couple est locataire d’un appartement dans les communs. En 1937, des troubles gastriques viennent aggraver son état de santé et on lui assigne une tierce personne pour s’occuper de lui. En 1938, une nouvelle enquête mentionne qu’il a « une mutilation de la face avec restauration difforme du nez et communication naso-buccale, qui entraine une défiguration ». Suite à cette enquête et deux années plus tard soit le10 novembre 1940, Vincent Cuzacq est élevé au rang d’Officier de la Légion d’Honneur. M. Cuzacq décède le 17 mars 1943 à Eysines. 

Nota sur Jean Cuzacq, fils de Vincent : Après ses études de médecine, il obtient sa thèse le 28 juillet 1939 à Bordeaux et le 8 mars 1941 s’installe médecin à Pamiers. Il a été qualifié en obstétrique en1952, en pédiatrie en 1958 et Médecine interne en 1971. Il se marie et a trois enfants. Sa mère décède à Pamiers en 1966. Jean décède le 25 avril 1984 à Pamiers.

Les nominations à la Légion dHhonneur de Vincent Cuzacq, en 1921 et 1938.

Les nominations à la Légion dHhonneur de Vincent Cuzacq, en 1921 et 1938.

Nous ne savons pas si Mme Cuzacq et son fils vendent la propriété à la société de Pessac « Biscuits Curat Dop » en 1944 ou 1945. Les dates trouvées sur les matrices cadastrales et dans les réquisitions de la seconde guerre se chevauchent…Le dossier des réquisitions indique du 1er avril au 20 mai 1944 une occupation par les troupes de l’armée d’occupation avec le nom de Curat Dop pour paiement de l’indemnité de « privation de jouissance » puis du 2 au 7 novembre 1944, 45 hommes du groupe mobile de la police militaire escadron Douance sont cantonnés à Clos Lescombes, sans le nom du propriétaire.

« Biscuits Curat Dop » loue l’ensemble du domaine à M. Pierre Bonnet, directeur du Grand Couvoir moderne de Bordeaux, rue Cassignol. Le château est habité par le responsable du site, les dépendances sont à la fois des logements et entrepôts. Le terrain est aménagé en poulailler à échelle industrielle ! Dans les dossiers électricité de la série 5 O aux archives municipales nous avons trouvé une lettre du 2 août 1946, de M Pierre Bonnet au maire d’Eysines : « Depuis septembre 1945 un important élevage avicole de sélection et de recherche est installé au Clos Lescombes. Il est alimenté en électricité par une ligne d’environ 250 m établie par les Allemands. Cette ligne est installée sur les poteaux PTT qui viennent de la supprimer. Nous nous trouvons de ce fait, privés brutalement d’électricité. Nous vous demandons de prévoir le prolongement jusqu’au Clos Lescombes ».

Le Grand couvoir arrête son exploitation dans les années 1960.M. Mauduit devient propriétaire dans les années 1970. La CUB achète dans les années 1980/1990 avec rétrocession à la ville d’Eysines dans les deux ans. La bibliothèque départementale de la Gironde est actuellement propriétaire.

2 - La maison : en 1871, M. Pélisson construit une maison, mais aucune précision n’est donnée sur les dimensions de cette habitation. En 1875 puis 1876, M. Lalanne agrandie ou reconstruit la maison de maître. En 1879, une nouvelle construction est déclarée En 1890, l’ensemble du bâti (maison de maître et dépendances) est décrit avec une porte cochère et vingt fenêtres. En 1913, il est précisé que la maison a cinq fenêtres. En 1965, la surface des constructions est de 23,52 ares soit 2 352 m2.

Clos Lescombes aujourd’hui : La maison de maître et les communs (photo Connaissance d’Eysines)
Clos Lescombes aujourd’hui : La maison de maître et les communs (photo Connaissance d’Eysines)

Clos Lescombes aujourd’hui : La maison de maître et les communs (photo Connaissance d’Eysines)

Conclusion :

En abordant l’histoire de l’ancienne maison noble de Laplane, nous ne savions pas que nous allions entamer de si longues recherches. Cette évolution s’est révélée un exemple remarquable de la transmission et du morcellement d’un grand domaine hérité du Moyen-Age. Elle illustre aussi la naissance dans nos sociétés modernes, de nouveaux « pouvoirs » fondé sur la fonction, la richesse. Enfin, et surtout, elle a façonné la physionomie de tout un quartier de notre ville…

 

Marie-Hélène Guillemet, Dany Lagnès, Michel Legros, Elisabeth Roux.

Tag(s) : #Histoire
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