Nos Journées Eysinaises du Patrimoine, les 18 et 19 septembre 2021

L’annonce de notre programme à nos adhérents, aux associations amies, ainsi que la publication sur notre blog et le site internet de la Drac ont permis d’informer les Girondins de nos trois animations pour cet évènement. Nous remercions les « associations amies » qui sont venues nous rejoindre pour partager un ou plusieurs de nos rendez-vous.

Samedi 18 septembre, à la cabane maraîchère 

Les visites guidées :

Quelques averses assez conséquentes n’ont pas découragé une quinzaine de personnes de venir vister notre cabane en petit groupe ou en solitaire tout au long de l’après-midi. Marie-Hélène et Jean-Marie les ont accompagnées pour leur parler de ce lieu qui témoigne de la vie passée de nos familles maraîchères.

Les questions-réponses avec nos maraîchers :

Nous remercions Richard Cabrafiga, élu, ainsi que Messieurs Guy Lambert et Xavier Dupart, maraîchers, venus nous rejoindre à la cabane.

Des filles et fils, des petites-filles et petits-fils de jardiniers eysinais et quelques visiteurs ont participé activement à la conversation. Nous étions donc une bonne vingtaine à échanger autour de trois thèmes : viticulteur et maraîcher, la culture de la pomme de terre et le problème de l’eau.

• Viticulteur et maraîcher :

Jusqu’en 1850, les agriculteurs eysinais sont vignerons pour la plupart, le marais n’ayant pas encore été drainé. Les terres du marais ne sont que des prés, pâtures etc… où s’élèvent quelques métairies habitées par des bouviers et autres employés des grands domaines eysinais. Sur le cadastre de 1844, ces métairies sont clairement désignées mais les cabanes maraîchères sont construites à partir de 1856, alors que le marais vient d’être drainé et irrigué.

Le passage d’un métier à l’autre s’est fait progressivement et la culture des légumes est devenue la principale activité à Eysines.

Cependant toutes les familles avaient des vignes et produisaient du vin rouge pour leur consommation et celle des ouvriers agricoles, le vin restant le plus souvent en barrique. A partir de la fin de la seconde guerre, les agriculteurs mettant du vin en bouteilles pour la vente sont peu nombreux. Les cépages employés (baco, noah, français, etc) sont des hybrides utilisés car ils sont productifs, mais la qualité n’est pas là. Leur vinification et leur consommation posent de graves problèmes jusqu’à ce que leur utilisation soit interdite.

Les terres à vigne sont surtout des graves sur les versants des plateaux et sur ceux-ci alors que celles des cultures de légumes sont de sable noir ou blanc. Les outils sont tout à fait spécifiques pour un travail et pour l’autre. La fabrication de l’outillage soutenait l’activité de l’artisanat local : charron, forgeron, bourrelier, etc… Les manches en bois des outils étaient « marqués au fer » identifiant ainsi la famille maraîchère. Dans cette cabane, les outils étaient alignés sur le mur sud, tout à fait comme nous les exposons actuellement !

La centrale d’achat, « le syndicat » avait son local à Lescombes. Ainsi les maraîchers pouvaient s’approvisionner en graines, plants, engrais, outils etc… tout ce dont ils avaient besoin. Est-ce que ce syndicat est la mutation du premier syndicat des maraîchers, créé à Eysines en 1881 et regroupant les maraîchers de la région sous l’appellation « Union Syndicale des jardiniers maraîchers de la Gironde » ?

• Culture de la pomme de terre :

La Fête de la Saint Jean célébrée à Eysines fin juin depuis le début du XX^ème siècle montre bien que la récolte de la pomme de terre est devenue une des cultures les plus importantes à Eysines.

Il y a trois appellations : la « primeur » qui se récolte jusqu’au 15 juillet maximum, puis la « consommation » jusqu’en octobre et enfin la « conservation » pour l’hiver. Chaque catégorie est soumise à une législation différente et elles sont vendues à des tarifs différents eux aussi. Une tradition pratiquée dans certaines familles était d’offrir des pommes de terre grenaille aux enfants pour le 1er mai. En effet, les premières récoltes se font suivant les années à partir de mi-mai, au 1^er mai si la température a été clémente.

Ces toutes premières pommes de terre sont ramassées sur les plateaux de Carès, du Grand Caillou, etc… qui jouissent de températures de 3 à 4 degrés supérieures à celles du marais. Les récoltes sont soumises aussi à 250grs par pied au minimum. L’arrachage de cette primeur est le plus important entre le 15 et 30 mai.

Le développement de la pomme de terre a résulté d'une volonté politique. Les prix des pommes de terre en Bretagne étaient si bas certaines années que les Eysinais n’arrivaient plus à vendre. Ils se sont entendus entre eux pour obtenir un prix de vente décent et cela a fonctionné.

• L’eau et sa gestion

Dans les actes de vente des terrains du marais, la gestion de l’eau est définie avec grande précision et permettrait d’éviter tout souci si chacun la respectait… mais actuellement comme autrefois, les problèmes de voisinage liés à l’utilisation de l’eau sont plus nombreux. Ainsi même si le système actuel est tout à fait différent du système d’origine les querelles demeurent !

Dimanche 19 septembre, balade eysinaise « Au May du Merle » :

Nous accueillons nos invités sur le parking au croisement de l’avenue de la Libération et de la rue Jean Lahary. Nous sommes environ 25. Marie-Hélène rappelle que cette balade initialement prévue en mai 2020 avait été repoussée aux Journées européennes du Patrimoine 2020 puis finalement annulée. Pour préparer cette balade, notre petite équipe de recherche avait travaillé quelques mois aux archives municipales pour recueillir un maximum de données historiques dans le but d’étayer cette visite reposant par ailleurs sur les souvenirs des années 1950, vécus par Jean-Marie Campet et les habitants du May du Merle. Nous allons parcourir la rue Aladin Miqueau et la rue Parmentier ainsi que les nombreuses impasses.

Avant de partir, Jean-Marie évoque le « Palais des Fêtes » qui occupait autrefois ce parking. C’était alors un restaurant, salle de cinéma, salle de bals… Rappel aussi de l’épicerie Ciclot situé à gauche rue Aladin Miqueau tandis qu’à droite Emmanuel Durand a été le premier pharmacien eysinais dès 1884.

Tout en cheminant sont évoquées les personnes qui habitaient là et qui ont laissé divers souvenirs. La sœur de Suzon qui était une couturière de grand talent ; la repasseuse qui s’occupait du linge de la population du May du Merle ; Maurice Lafon homme à la forte personnalité qui égayait par ses chansons les soirées sur la place du May du Merle ; Marie Pion ; Lucien Piet ancien élu et petit fils de Jean Piet, maire d’Eysines, de novembre 1870 à février 1871, entrepreneur qui a réalisé les quatre voûtes de la nef de l’église ; M. Sabavert, dernier propriétaire de la propriété Marcillac à l’angle de la rue Aladin Miqueau et de la rue Parmentier, gendre de Jean Lahary, maire d’Eysines de 1925 à 1935, lui-même gendre d’Aladin Miqueau, maire de 1888 à 1919.

Sont rappelées la tuerie du cochon effectuée par les frères Chevalier qui regroupait beaucoup de monde, les vendanges qui étaient aussi des moments de grande convivialité…

Les lieux ont eux aussi une grande importance. La place du May du Merle voyait se réunir dès que le temps le permettait les habitants du quartier qui refaisaient le monde, entourés des enfants qui les écoutaient tout en s’amusant. Les impasses étaient des lieux de rendez-vous, les terrains n'étaient pas clos, tout le monde se connaissait et les enfants partageaient leurs jeux sous la surveillance des adultes qui vaquaient à leurs occupations. Le lavoir était l’endroit réservée aux femmes qui passaient beaucoup de temps à laver le linge et qui en profitaient pour donner des nouvelles de chacun, sans se soucier des enfants qui venaient écouter leurs « commérages » …

Cette évocation des années 1950 dans ce quartier, rappelle à tous ceux qui ont vécu ces années-là dans un village de bien jolis souvenirs !

Dimanche 19 septembre, visites guidées au musée du maraîchage, hangar et pigeonnier de château Lescombes

L’accueil était fait par Dany, les visites  assurées par Michel, Marie-Hélène et Elisabeth. De belles éclaircies nous ont accompagnés jusqu’à la fermeture à 18h30. Les visiteurs des Journées du Patrimoine sont toujours extrêmement nombreux au musée. Cette année, plus de 115 personnes sont venues découvrir l’histoire du maraîchage à travers notre collection d’outils, de charrettes, etc… manifestant beaucoup d’intérêt.

Nous espérons que ces deux belles journées laisseront de jolis souvenirs à nos visiteurs et qu’ils auront hâte de mieux connaître l’histoire de notre ville à travers notre blog !

Marie-Hélène Guillemet, Elisabeth Roux.