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Imaginons que les JEP aient pu se dérouler comme nous l’avions prévu …

*Nota : Les photos sont de Connaissance d’Eysines ; la carte postale fait partie de la collection privée Guy Michelet

I/Les visites guidées à la cabane et la rencontre avec nos maraîchers

Le 19 septembre la cabane est désespérément vide…
Le 19 septembre la cabane est désespérément vide…

Le 19 septembre la cabane est désespérément vide…

Le samedi après-midi, nous aurions pu d’une part faire découvrir la cabane maraîchère à nos visiteurs et d’autre part échanger avec les maraîchers présents.

Pour nos visiteurs, nous aurions pu évoquer la vie quotidienne des maraîchers qui passaient la journée au milieu de leurs terrains agricoles, dont la cabane fait partie. Dans le crampot, on réchauffait le repas, on y mangeait et on venait se réchauffer auprès de la cheminée quand il faisait froid. Les légumes étaient récoltés à la main, et nettoyés au lavoir de la cabane ; celle-ci était bâtie sur une rigole. Dans l’atelier, après le lavage, les légumes étaient mis en botte pour certains, puis disposés dans les mannequins (grands paniers rectangulaires en osier) et les bajaules (grandes caisses en lattes de bois, appelés aussi mannequins…). En fin de journée, la veille du marché, la charrette était chargée à l’aide de la grue et on retournait à la maison : au Bourg, à Lescombes, au Vigean….

 

Pour les échanges avec les maraîchers, nous avions envisagé trois thèmes :

-Le problème de l’eau : la circulation de l’eau dans la zone maraîchère et sa gestion, les problèmes rencontrés, la situation actuelle …

- D’un métier à un autre, viticulteur et maraîcher : souvenirs, outillage, etc…

- La culture de la pomme de terre : évolution de la culture et des variétés, production, commerce etc.

 

2/La Balade au « May du Merle »

Le dimanche, en début d’après-midi était prévue une balade à la découverte de ce quartier si particulier, de son histoire proche que nous aurions pu faire revivre grâce aux souvenirs de quelques-uns mais aussi de son histoire plus lointaine reconstituée grâce aux documents des archives municipales : cadastres, matrices cadastrales, états nominatifs … C’est seulement ce dernier aspect que nous vous présentons ici.

Les cadastres de 1808 et 1844 : le bâti a peu changé
Les cadastres de 1808 et 1844 : le bâti a peu changé

Les cadastres de 1808 et 1844 : le bâti a peu changé

L’avenue de la Libération au croisement du May du Merle : au début du XXème siècle et en 2020
L’avenue de la Libération au croisement du May du Merle : au début du XXème siècle et en 2020

L’avenue de la Libération au croisement du May du Merle : au début du XXème siècle et en 2020

A l’entrée du quartier, les deux angles de la rue étaient occupés à droite par la première pharmacie d’Eysines, celle d’Emmanuel Durand et à gauche par la boucherie de M. Ciclot. 

Emmanuel Durand est né le 26 décembre 1858 à Bordeaux ; Emmanuel Durand obtient son diplôme de pharmacien de 2ème classe à Bordeaux, le 29 avril 1882. Il établit sa pharmacie à Eysines en 1884 dans la maison que sa mère a achetée. Il est aussi publiciste dans « la Gironde » & « La Petite Gironde »de juillet 1890 à février 1896. Il se marie le 29 juillet 1901, à Bordeaux, avec Marie Magdeleine Saubusse. Emmanuel Durand et son épouse quittent Eysines en 1911 ou 1912 pour aller s’installer à Rufisque au Sénégal et y établir une pharmacie. Emmanuel Durand décède le 27 décembre 1926 à Rufisque. Son épouse revient vivre à Eysines jusqu’à son décès le 7 janvier 1953.

La pharmacie Vergniaud, face à celle de M. Durand, a été ouverte en 1898 par Charles Louis Henry pharmacien à Eysines jusqu’en 1923.

L’ancienne maison de M. Seurin Ciclot à gauche et celle de la pharmacie Durand à droite

L’ancienne maison de M. Seurin Ciclot à gauche et celle de la pharmacie Durand à droite

Seurin Ciclot est né en 1846. En 1876, à 29 ans, il habite Bois Gramont chez M. Fabre de Rieunègre. Il est marié à Anne Fayou et ils ont un fils Jean de 2 ans. Il est cocher et son épouse est la fille d’un domestique de Bois Gramont. Vers 1879, Seurin est épicier au Bourg et en 1911 il demande une autorisation pour une tuerie car il est aussi boucher. Son épicerie-boucherie existe jusqu’en 1923. Il décède le 9 février 1924 d’une angine.

Rue Aladin Miqueau, la maison « Champagne » :

Elle appartenait jusqu’en 1943 à Théophile Dubergé. C’est une maison ancienne qui appartient à Guillaume Bouchet en 1811. Elle est modifiée en 1855 par la famille Durgeon.

Théophile Dubergé est né le 18/09/1866 sous le prénom de Jean Camille. Il décède le 29/05/1943. Sa mère se nomme Marie Lugajac. Le grand-père de Marie Lugajac se nomme Raymond mais il est dit « Champagne », ce serait là la lointaine origine de cette dénomination. Théophile reste célibataire, il est cultivateur et il possède 100 ares de vignes qui produisent en 1931, 33,75 hl de vin rouge et en 1936, 11,25hl.

Maison Champagne
Maison Champagne

Maison Champagne

Rue Aladin Miqueau avant l’impasse du May du Merle :

Nous aurions pu profiter de cet arrêt près de la maison de la famille Pijoan pour évoquer la présence à Eysines de nombreuses familles d’origine espagnole, venues s’installer à plusieurs époques, avant ou après la guerre civile, mais pour la plupart après la seconde guerre, l’activité maraîchère offrant du travail. Les familles Sala et Pijoan en sont un exemple. Les deux frères Jacques et François Sala se sont installés à Eysines et ont eu chacun une fille.  Louise Riera habitait Lescombes et Aurora Pijoan le May du Merle. D’autres familles, comme les Mascor (rue Parmentier), habitaient le quartier et leurs descendants sont toujours présents à Eysines.

Le May et l’impasse du May du Merle
Le May et l’impasse du May du Merle

Le May et l’impasse du May du Merle

Rue Parmentier, la maison de Lucien Piet :

Lucien Piet était « une figure du quartier » sur laquelle il semble intéressant de s’arrêter. Né à Eysines, le 23 septembre 1873, il y est décédé le 28 mars 1956. Il est conseiller municipal de 1904 à 1919. En 1896, sur les listes électorales, il est dit entrepreneur comme son père, mais en 1908, sur ces mêmes listes électorales, il est dit cultivateur. Sur les états nominatifs, il est noté viticulteur en 1931 et propriétaire en 1936. En 1931 il possède 114 ares de vignes qui lui donne 13,5 hl de vin et en 1936 il a 120 ares et 11,25 hl. Il possède des vignes à la Biblanque (actuelle rue Lucien Piet) .

Il était le fils de Yves ou Elien et Louise Curat, mariés le 24/10/1871 à Eysines ; le petit fils de Jean et Marie Labeyrie mariés le 06/02/1850 à Eysines ; l’arrière-petit fils de Yves, né en 1801, et de Luce Pineau mariés le 15/01/1824 à Eysines (Yves décède vers 1869).

Son arrière-grand-père Yves est maçon, né au Taillan (fils de maçon) mais dès 1841, il est recensé au Bourg.

Son grand-père Jean, né à Eysines, est dit tailleur de pierre puis entrepreneur. En 1864, pour la fabrique d’Eysines, il réalise les quatre voûtes de la nef de l’église. Il est aussi maire d’Eysines, nommé le 18/09/1870 jusqu’à son décès, à 43 ans, le 4 février 1871.

Son père Yves ou Elien est tailleur de pierre jusqu’en 1886 où il est entrepreneur. A la fin de sa vie (70 ans) vers 1920, il est noté cultivateur.

La maison de Lucien Piet
La maison de Lucien Piet

La maison de Lucien Piet

D’après le cadastre de 1844, Yves Piet époux Curat (le père de Lucien) possède plusieurs bâtiments au Bourg dont 6 maisons de tailles diverses comme l’indique le nombre d’ouvertures signalé sur les matrices cadastrales (A 1109 maison 11 ouvertures, A 1205 maison 4 ouvertures, A 1220 remise 1 ouverture, A 1190 2 maisons de 7 et 4 ouvertures, A 1229 maison de 1 à 3 ouvertures, A 1230, maison de 1 à 4 ouvertures).

D’après les états nominatifs, nous pouvons constater que Lucien Piet possède toujours, en 1931, 6 maisons occupées par 8 ménages (dont celui qui est composé de lui-même et sa mère) et en 1936, 4 maisons pour 7 ménages. Une même maison abrite 4 ménages dont celui du propriétaire vivant toujours avec sa mère. La composition des ménages peut être très variable : 1,2 personnes ou beaucoup plus.

Rue Parmentier, le lavoir, les cressonnières et les viviers :

Sur les cadastres de 1811 et surtout 1844, nous remarquons à proximité plusieurs zones en bleu évoquant la présence d’eau. En effet, il y avait dans ce secteur plusieurs viviers : chez A Miqueau, dans la propriété du château Lescalle…

Quant au lavoir dont certains gardent le souvenir nous n’avons pas trouvé plus de renseignement …

Vue sur l’aqueduc depuis la rue Parmentier
Vue sur l’aqueduc depuis la rue Parmentier

Vue sur l’aqueduc depuis la rue Parmentier

Rue Parmentier, l’aqueduc :

Les premières études concernant ce projet datent de 1841 (mais un premier projet avait été envisagé dès 1835). Sa construction, débutée en 1854 (les deux ingénieurs qui le réalisent : MM. Mary et Devanne sont engagés par la municipalité de Bordeaux en 1851), s’achève en 1857 . Il part des sources du Thil et de Busssaguet, il mesure 12 kms, il est construit en moellons. Dès sa construction, se posent de multiples problèmes et il devra être réparé à plusieurs reprises, en particulier en 1863-1864. Dès 1857, M Lemotheux, propriétaire d’un domaine à Cantinolle, appelé « La fontaine », se plaint que ses sources se déversent dans l’aqueduc qui a été construit plus bas que prévu, ce qui le prive de son eau !!! L’affaire est portée devant la justice et nous en avons retrouvé la trace. Finalement, en 1864, le problème est résolu lorsque la ville de Bordeaux achète une partie de ce domaine et les sources qui s’y trouvent … En 1864, l’aqueduc transporte les eaux du Thil, de Bussaguet, de Cantinolle et de Bussac. Dans le même temps, 6 réservoirs ont été construits pour recevoir ces eaux à Bx. En 1866, les eaux de Gajac complètent l’alimentation en eau de Bordeaux.

Le portail et les maisons sur rue ainsi que la maison d’Aladin Miqueau
Le portail et les maisons sur rue ainsi que la maison d’Aladin Miqueau

Le portail et les maisons sur rue ainsi que la maison d’Aladin Miqueau

Rue Aladin Miqueau, Maison Miqueau ,Lahary ,Salavert:

Nous savons que c’est déjà une grande propriété vers 1730 (documents sur la Prévôté d’Eysines aux AD).  A cette époque, les propriétaires sont François Clément et Françoise Cazalet ; en 1736, la propriété passe à François Gabriel Marcillac époux de Thérèse Cazalet ; elle reste toujours dans cette famille Cazalet jusqu’en 1768 où elle passe à Dlle Luce Préau épouse de Jean Sabourin de Saint Domingue. Elle est alors en mauvais état : « les murs sont lézardés, la couverture a besoin d’être resuivie afin de réparer les gouttières qui pourrissent les lambris… ». En 1778, est vendu à Jacques Sallenave, négociant à Bordeaux, un bourdieu ou bien de campagne appelé « de Marcillac ». En 1838, l’armée envisage de créer à Marcillac un dépôt de remonte pour la cavalerie. Jean Labat est alors propriétaire, il agrandit la maison vers 1857. Peu de temps après, entre 1857 et 1864, Etienne Miqueau (le père de Léonard dit Aladin) achète cette propriété. Elle restera dans la famille pendant des décennies (famille Lahary puis Salavert).

Aladin Miqueau est maire d’Eysines de 1888 à 1919, son gendre Jean Lahary, maire de 1925 à 1935. (Voir blog pour Aladin Miqueau, mars 2018).

Il est à noter que, outre leur demeure principale, les Miqueau et leurs descendants possèdent plusieurs maisons occupées par des locataires. D’après les états nominatifs de 1931 et 1936, Jean Lahary est propriétaire de 4 puis 3 maisons rassemblant respectivement 4 et 5 ménages. Par exemple, la famille Gaillard-Baudon composée alors de 7 personnes.

L’ancienne maison de Marie Pion
L’ancienne maison de Marie Pion

L’ancienne maison de Marie Pion

Rue Aladin Miqueau, Maison de Marie Pion :

Cette maison est intéressante, outre la personnalité de sa dernière occupante, car elle montre l’ancienneté de certaines constructions dans ce quartier. 

Marie Pion est née Marie Mercier le 14/11/1911 à Eysines, son époux est Georges Pion né le 18/04/1909 à Moulis.

Cette maison est déjà sur le cadastre de 1808, elle est donc construite avant la Révolution. Dès 1844 environ, elle est scindée en deux puis subit diverses transformations : démolitions, modifications, reconstructions …

Nous aurions terminé notre balade par une halte à la maison Lalumière.

Le cadastre de 1967 et une vue de 2020 avec Google earth
Le cadastre de 1967 et une vue de 2020 avec Google earth

Le cadastre de 1967 et une vue de 2020 avec Google earth

3/Les visites guidées du musée du maraîchage sur le site de Lescombes

Le hangar et le pigeonnier ont gardé leur porte fermée…
Le hangar et le pigeonnier ont gardé leur porte fermée…

Le hangar et le pigeonnier ont gardé leur porte fermée…

La journée de dimanche aurait dû se terminer à Lescombes .

Dans le hangar, nous aurions fait admirer la charrette vigneronne pour évoquer le passé important de la culture de la vigne jusqu’au milieu du XIXème siècle mais aussi la jardinière qui permettait aux maraî­chers de livrer leurs légumes au marché des Capucins. Le tombereau, les herses, les charrues, les machines à laver les légumes auraient été présentés pour faire revivre ces temps passés.

Dans le pigeonnier, les outils pour défricher, labourer, fumer, semer et planter, désherber et sarcler, arroser et irriguer, éliminer les maladies et les nuisibles, récolter, conditionner auraient eux aussi été l’objet d’explications sur leur utilisation mais aussi sur le travail du forgeron qui réalisait des outils utiles adaptés aux sols d’Eysines et si jolis !

Cette évocation fictive et incomplète en ce qui concerne la balade n’est là que pour se rappeler que cette année est atypique… Nous espérons nous retrouver dans des conditions plus « normales » pour partager avec vous de nouveaux événements : balades, conférences … Pour le moment, patientons et restons prudents !

Marie-Hélène Guillemet, Dany Lagnès, Michel Legros, Elisabeth Roux.

Tag(s) : #patrimoine d'Eysines
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