Visite guidée pour les vitraux de l’église Saint Martin D’Eysines
Le samedi 14 juin 2014
L’église date de 1857, réalisée dans le style néo-gothique, chère au cardinal Donnet; elle est l’œuvre de l’architecte Gustave Alaux .
L’ancienne église avait de très nombreux autels dédiés à différents saints. L’église actuelle a conservé 2 chapelles, une à la Vierge et une à saint Jean Baptiste (la procession de saint Jean, qui reliait Eysines à St Jean d’Illac, est restée très importante jusqu’au XX ème).
Nota : Les vitraux sont absents des églises à partir de la Réforme . La rénovation de la Sainte Chapelle à Paris va permettre la redécouverte du vitrail et les restaurateurs vont ensuite créer des vitraux. C’est donc seulement au XIX avec le retour à la christianisation que l’art du vitrail renaît ;
Les vitraux de Saint Martin ont été rénovés en plusieurs fois ; un vitrail ne dure que 100 ans, la peinture et les plombs ne pouvant durer plus longtemps;
Le visage de la Vierge est très pâle et aurait besoin d’une rénovation !!
Le travail des maîtres verriers
Les vitraux de Saint Martin célèbrent la christianisation de l’Aquitaine, une religion d’amour qui veut être l’intercesseur entre Dieu et les misères du monde pour raconter aux fidèles la vie des saints.
Les vitraux de l’église sont créés par les ateliers de 2 maîtres verriers : VILLIET & DAGRANT.
Les vitraux de VILLIET datent des années 1863 et 1865 ; ils sont signés ; ils se trouvent dans le chœur (les 3 centraux et le 1er des groupes des vitraux ornementaux)
Les vitraux de DAGRANT datent de 1871 et 1873 ; ce sont tous les vitraux de la tribune, de la nef, des 2 chapelles et les ornementaux du chœur près de la nef.
Les vitraux de l’atelier de DAGRANT au baptistère datent de 1921
Villiet( 1823- 1877) est un maître verrier de renommée internationale, ainsi que Dagrant(1839-1915),son élève qui montera un atelier important.
Le vitrail est à la fois un assemblage de morceaux de verres colorés et peints, et de verres cuits( comme des émaux), travail minutieux car inspiré par la finesse des tableaux de la Renaissance.
Chaque vitrail est ajusté à l’architecture et à la maçonnerie (c’est-à-dire la dimension de la baie).
Pour adapter les vitraux à la taille de la baie, le maître verrier utilise la bordure, qui met aussi le vitrail en valeur. Cette bordure est très riche chez Dagrant.
A Eysines, Dagrant fignole les bordures par 4 rangées : 1 ligne en jaune et bleu,1 rangée de perles, 1 galon,- et pour finir une ligne bleue
A Eysines les vitraux vont la plupart du temps par 2, en double lancette surmontée par un oculus central.
Les vitraux ornementaux
Dans l’église il y en a 2 sortes, puisque réalisés par des maîtres verriers différents.
Ceux du chœur réalisés par Villiet sont très riches, avec un décor très coloré de motifs végétaux et floraux entrelacés dans un souci décoratif.
Tous les autres de Dagrant sont réalisés avec des motifs répétitifs qui allient les formes géométriques avec des décors végétaux et floraux, et montés dans une grande symétrie .
La combinaison des carrés et des cercles est le symbole de la perfection dans l’Antiquité , puis dans le christianisme.
A Saint Martin, ce sont des carrés sur pointe avec un beau travail sur la courbe et le quadrilobe .La grisaille est un travail de traits fins faits au pochoir ou au pinceau, dessins géométriques et décor végétal.
Les mêmes détails se retrouvent dans les oculi
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Les vitraux figurés
Le nom des saints est écrit en latin (sanctus….) dans la tradition chrétienne et pour insister sur la valeur
« noble » des personnages.
Chaque saint est représenté avec son symbole, et en fond une draperie travaillée avec des motifs damassés.
Chaque personnage représenté est important pour l’église ; à St Martin il y a 4 évêques évangélisateurs de l’Aquitaine au IV ème siècle ; les évêques sont représentés avec la crosse et la mitre. Leurs vêtements sont richement décorés (des cabochons de couleurs renvoient la lumière comme des joyaux) ceci n’implique pas la richesse mais l’importance de ces évêques dans la vie des chrétiens.
La réalisation du nimbe pour les maîtres verriers est très libre ; ils peuvent le représenter plus ou moins grand et plus ou moins décoré en y incluant un nombre de cercles avec des décors différents.
saint Médard ( St Médard en Jalles), saint Hilaire ( église du Taillan) saint Pierre( église de Bruges), saint Delphin( 2ème évêque de Bordeaux), saint Martin( disciple de St Hilaire)
Saint Joseph et l’Enfant est un sujet typiquement XIX : ici, leurs 2 têtes sont inclinées l’une vers l’autre, Joseph devenant le modèle du père attentionné au sein de la Sainte famille(le pape Pie IX , en 1870,fait de Joseph le patron de l’Eglise universelle)
Le vitrail de la Vierge allie beaucoup de symboles :la Vierge à l’Enfant (Il tient l’Evangile pour rappeler qu’Il est le fondateur du christianisme), les vêtements sont à la fois de bleu( symbole de Dieu) et de rouge( humanité), la Vierge est somptueusement vêtue ,couronnée et elle tient le sceptre (c’ est la Reine du Ciel )
Les 3 vitraux du chœur par Villiet représentent: le Christ, Saint Martin et Saint Delphin
Les personnages sont mis en scène pour rendre hommage aux Arts (architecture, passementerie, etc)
Ils sont au milieu de piliers surmontés de chapiteaux ; au-dessus, une construction imaginaire représente la Jérusalem Céleste (avec 3 motifs ce qui est une variation sur la Trinité)
Le Christ est magnifiquement habillé, Il est le plus grand des personnages car c’est l’empereur de la chrétienté, Etre Suprême. (Cabochons dans la passementerie de Son manteau)
Saint Martin(IV siècle) fut évangélisateur des Gaules. Considéré comme le 13 ème apôtre.
Saint delphin(IV siècle) , 2ème évêque de Bordeaux joue un rôle dans l’implantation du christianisme en Aquitaine.
Le baptistère :Ce sont les vitraux les plus récents, datant des années 1921 , réalisés par l’atelier du verrier Dagrant. 3 vitraux ornementaux avec pour celui du centre un médaillon avec rondel en « amande assoupli » représentant saint Jean Baptiste que l’on reconnaît par ses attributs : la peau de chameau, appelé « mélote » puisqu’il a été ermite dans le désert, son bâton de roseaux avec la bannière « Ecce Agnus Dei », et le nimbe (auréole)
Nous étions plus de 50 pour découvrir les vitraux de Saint Martin. Le soleil généreux a contribué à cette belle visite, dispensant sans compter ses rayons pour apprécier les couleurs !
Merci à Madame Monique Perrin pour cette visite si détaillée.
Elisabeth Roux