Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Nous étions une quarantaine de personnes, dont notre première adjointe Madame Frénais, samedi 19 novembre 2022, à la Grange de Lescombes, pour écouter Cédric Lavigne, docteur de l’Université Bordeaux Montaigne et consultant en archéogéographie.

Conférence du 19 novembre 2022 « L’aménagement du territoire d’Eysines dans le temps long ; entre héritages du passé lointain et transformations récentes » Par Cédric Lavigne
Conférence du 19 novembre 2022 « L’aménagement du territoire d’Eysines dans le temps long ; entre héritages du passé lointain et transformations récentes » Par Cédric Lavigne

En février 2019, M. Lavigne était venu nous présenter « l’aménagement de la vallée des Jalles au cours de l’histoire ».

C’est avec bonheur que nous l’avons écouté à nouveau pour décrire « l’aménagement du territoire d’Eysines dans le temps long ».

Cette étude a été menée avec deux autres collègues pour répondre à une demande de Bordeaux Métropole et de la ville d’Eysines.

L’archéogéographie est une discipline créée au sein du CNRS, il y a une vingtaine d’années. Le travail archéogéographique se fait sur les cartes anciennes, héritages du passé. Les feuilles du cadastre parcellaire de 1844 ont ainsi été assemblées puis une superposition des différentes cartes plus récentes a été effectuée. L’espace urbain depuis les origines a pu alors être analysé ce qui permet à la fois un regard rétrospectif et une projection dans l’avenir.

I. Eysines jusqu’au milieu du XIXe siècle

1. Les voies de grands parcours

Les plus anciennes sont au nombre de trois qui relient Bordeaux au Médoc et traversent Eysines : la plus à ouest va vers Saint-Médard en passant par Le Haillan, l’autre est l’ancienne Lebade qui passe par Lescombes et traverse la Jalle à Jallepont et la dernière traverse le Vigean pour rejoindre Blanquefort en franchissant la Jalle au moulin de Plassan (moulin noir).

D’autres voies secondaires relient Caudéran à la forteresse de Blanquefort par le Vigean et Le Haillan aux autres villages du Vigean et de Lescombes.

Enfin, les voies réalisées par les intendants au cours du XVIIIe siècle sont, en tous sens, des percées extrêmement rectilignes qui permettent à Eysines de communiquer au mieux avec Bordeaux bien sûr mais aussi avec les autres villages.

Présentation par notre présidente et début de la conférence (Photos de Connaissances d’Eysines)
Présentation par notre présidente et début de la conférence (Photos de Connaissances d’Eysines)

Présentation par notre présidente et début de la conférence (Photos de Connaissances d’Eysines)

2. Un territoire polycentrique : Lescombes, le Bourg et le Vigean

Le cadastre de 1844 montre le hameau du Bourg comme un village-rue avec beaucoup d’impasses et de cours rurales. L’église est située à l’extrémité nord. Deux importants vestiges du Moyen-Age sont encore visible : les anciennes maisons nobles de Plassan et de Bois Salut.

Lescombes montre un tissu villageois compliqué. Cependant, côté Ouest, la rue Seguin organise un vrai village, tandis que côté Est le tissu villageois est inorganisé. Mais c’est aussi de ce côté-là qu’apparaît une forme circulaire qui pourrait renvoyer à une ancienne fortification. Cela explique sans doute le lieu-dit « citadelle » ! Cédric Lavigne explique que l’on ne parle pas de Laplane (Lescombes) qui est inexistant au Moyen-Age.

Quant au Vigean, ses constructions sont organisées le long des voies qui mènent vers la forteresse de Blanquefort.

3. La tripartition d’un territoire agricole

Les états de sections ou matrices cadastrales renseignent sur la nature de chaque parcelle : vigne, joualle, terre, jardin, bois (acacias, mûriers, châtaigniers, pins …), oseraie, etc. Les cartes topographiques et géologiques associées aux états de section permettent la compréhension de la répartition des natures de parcelles. Exemple : les vignes sont naturellement situées sur les parties sèches c’est-à-dire sur les terrasses grasses et très hautes terrasses, les jardins dans le Marais, etc…

4. Une auréole de défrichement médiéval à l’origine

Le tracé médiéval montre une forme circulaire au centre du hameau de Lescombes, qui est aussi le point de convergence de plusieurs voies. Ceci est observé aussi à Mérignac et à Martignas.

Saint Seurin est un propriétaire foncier très important car il englobe La Forêt, une partie de Lescombes et du Bourg. La lecture du cartulaire de Saint Seurin est donc essentielle. Mais faire coexister les textes et les cartes est difficile.

II. Les transformations de Lescombes et du Bourg dans la seconde moitié du XIXe siècle

1. Deux hameaux juxtaposés

Jusqu’au milieu du XIXe siècle, la physionomie d’Eysines varie peu. Les grands domaines sont toujours là : Bois Gramont, Lamothe Lescure, Cantinolle, Laplane, etc…

Lescombes et le Bourg sont deux hameaux séparés par des terrains agricoles.

 

2. La reconstruction de l’église

L’église en mauvais état est toujours tout au Nord, entourée d’habitations. Cependant, début 1857, elle est reconstruite sur une terrasse (le plateau) après le don d’un terrain fait par Mme Barrière et son époux, sur les terres de Bois Salut dont elle est l’héritière.

3. La réunion des deux hameaux

En 1842, la municipalité décide la construction de la mairie sur la place de la Croix du Sable qui est à la limite de Lescombes et du Bourg.

En 1881 puis en 1889, les deux écoles, celle des filles puis celle des garçons, sont construites.

Les constructions privées se densifient entre les deux anciens hameaux.

4. La connexion d’Eysines à Bordeaux

A la fin du XIXe siècle, le train et le tramway relient Eysines à Bordeaux …

Des auditeurs attentifs ! (Photos de Connaissances d’Eysines)
Des auditeurs attentifs ! (Photos de Connaissances d’Eysines)

Des auditeurs attentifs ! (Photos de Connaissances d’Eysines)

III. Du bourg rural à l’espace urbain

1. L’extension du bâti (1950-2021)

Eysines est comme tous les villages proches d’une grande ville. A partir des années 1950, la population croît. L’espace urbain se densifie surtout le long des axes du tramway et des grands axes routiers (avenue du Médoc et avenue de l’Hippodrome par exemple).

Des terrains sont « gelés » en prévision de la construction de la rocade (dès 1950, pour une construction dans les années 1970 et la fin des travaux vers 1980 pour Eysines) ainsi que quelques années plus tard pour la déviation de Lacanau. Ces deux percées sont comme celles faites par Tourny au XVIIIe siècle. Ainsi Eysines reste un « nœud » pour relier Bordeaux au nord de la Gironde !

2. La centralité administrative

Le bourg ne se densifie que tardivement. Jusqu’en 1960, les alentours de l’église sont encore vides. La construction des deux écoles à partir de 1954, celle de la mairie en 1964 et du foyer culturel un peu plus tard donnent à ce quartier jusqu’alors uniquement religieux une vocation administrative, éducative, et culturelle !

Jusque dans les années 1970, l’avenue de la Libération est une rue extrêmement commerçante …

3. Les transformations du territoire depuis les années 1950

Dans les années 70, le foncier agricole est abandonné progressivement, les friches remplacent les jardins et vignes, le bâti commence alors à se densifier. Le dessin des parcelles anciennes reste mais on  ajoute sur chacune une ou plusieurs constructions . Sur d’autres terrains, ce sont de grands ensembles comme le Grand Caillou et les Hauts de l’Hippodrome qui sont édifiés. Les grands domaines se morcellent petit à petit : Laplane dès le milieu du XIXe siècle mais le château de Bois Gramont ne disparait qu’en 1976 pour laisser place sur cet immense domaine à un vaste lotissement pavillonnaire.

Pendant presque deux heures, Cédric Lavigne nous a passionnés par ses explications précises et détaillées, sans jamais nous lasser et nous submerger d’informations inutiles. Quelques questions ont été posées.

 

Enfin, nous avons terminé par un moment de convivialité en partageant le verre de l'amitié.

Marie-Hélène Guillemet, Elisabeth Roux.

Photos Michel Legros

Tag(s) : #conférences
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :